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Ô fils de Joel ! admirez pieusement la résolution de ce maire, de ces échevins, de ces chefs de milice civique ! de ces bourgeois, en un mot ! Ces bourgeois ne combattaient pas par ambition, par cupidité, ainsi que la plupart des capitaines de Charles IX, soudards sans foi ni loi, gens d’épée qui vendent leur peau et tuent pour vivre, batailleurs par état, pour qui la guerre, d’où qu’elle vienne, quelle qu’elle soit, juste ou injuste, sainte ou atroce, est un métier lucratif. Non, non, ces bourgeois combattaient pour leur liberté, pour leur foi, pour leurs droits, pour la défense de leur foyer ; et, seule, la conscience de combattre pour la plus sacrée des causes peut enfanter des prodiges d’héroïsme !

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Ces fragments du siège de La Rochelle, écrits par moi, Antonicq Lebrenn, nous conduisent jusque vers le milieu du mois de mai (1573), où se passeront les événements suivants.


L’Hôtel de ville de La Rochelle, presque entièrement reconstruit, il y a bientôt un siècle (en l’année 1486), est l’un des plus beaux monuments dont se soit jamais enorgueilli le patriotique amour de la cité. La foi catholique a élevé jusqu’aux nues ses splendides cathédrales où tes prêtres, ô Christ ! exaltent chaque jour les pieuses douceurs de l’assassinat des huguenots, prêchent les sanglantes voluptés de l’extermination des hérétiques ! Le culte des franchises communales a édifié ces hôtels de ville, berceaux de nos libertés, sanctuaires civiques et sacrés, où l’on jure sur la bannière de la commune de mourir pour son indépendance ! ainsi que mouraient les Communiers intrépides dont notre aïeul Fergan-le-Carrier a partagé les combats et la mort, au temps de Louis-le-Gros. Le mo-