Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tout mon pouvoir à capituler ; mais s’ils me semblent avoir chance de triompher, je les encouragerai à la résistance et je leur offrirai mes services. S’ils refusent mes services, je reviendrai me mettre en otage entre vos mains. » Telle est la confiance qu’un homme de bien inspire, même aux scélérats, que Charles IX a accepté l’offre de M. de Lanoüe. Celui-ci a envoyé un parlementaire auprès du maire de La Rochelle pour l’instruire de ces conditions et lui demander l’entrée de la cité. Le conseil s’est assemblé. Les uns ont énergiquement blâmé M. de Lanoüe de s’être dégradé jusqu’à un compromis avec Charles IX, souillé du sang de nos frères ; les autres (en majorité considérable) ont apprécié l’importance du concours de M. de Lanoüe et ont voté pour que ses services fussent agréés. Il a été introduit dans la ville ; ses chaleureuses et patriotiques paroles lui ont ramené presque tous les dissidents. Il a visité les travaux de défense de la place, et, persuadé qu’elle peut repousser avec succès l’attaque des royalistes, il a reçu le commandement des troupes, sous la surveillance du conseil d’échevinage.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

22 février 1573. — La présence de M. de Lanoüe parmi nous porte déjà d’excellents fruits ; il discipline nos troupes, ne permet plus ces escarmouches meurtrières où tant des nôtres allaient se faire tuer par outre vaillance ; il refrène l’ardeur des plus bouillants, habitue les volontaires au maniement des armes, à la précision des manœuvres militaires, et substitue la tactique prudente à l’entraînement du courage aveugle, toujours si nuisible aux armées protestantes.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

27 mars 1573. — M. de Lanoüe, fidèle à sa parole, a quitté hier La Rochelle et est retourné au camp de Charles IX se constituer prisonnier. Depuis qu’il nous commandait, nos sorties causaient de grands dommages à l’ennemi, mais en nous coûtant beaucoup de monde. Nous ne pouvions réparer nos pertes, puisque nos communications sont coupées du côté de terre ; tandis que l’ennemi