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de Longueville et de Bouillon ; le marquis de Mayenne ; le duc de Nevers ; messires Antoine et Claude de Baupremont ; René de Voyer, vicomte de Paulmy ; le duc d’Uzès ; le bâtard d’Angoulême ; le maréchal de Cossé ; le comte de Retz, et autre illustre seigneurie ; parmi les gens de guerre les plus renommés, est le vieux maréchal de Montluc, ce tigre à face humaine. La présence de ce général expérimenté, dont l’âge n’a point amorti la férocité proverbiale, dit assez que, si La Rochelle tombe au pouvoir de l’ennemi, nous serons exterminés jusqu’au dernier… Ah ! du moins, nous ne tomberons pas vivants entre les mains des catholiques !

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14 février 1573. — Le brave François de Lanoüe est venu nous rejoindre à La Rochelle, par suite d’une étrange convention avec Charles IX. Le soulèvement des Pays-Bas, si ardemment désiré par Coligny, avait avorté, par suite de la trahison de la cour de France, trop jalouse de complaire au pape et à Philippe II par le massacre de la Saint-Barthélemy pour songer sérieusement à appuyer l’insurrection républicaine de l’une des provinces de la monarchie espagnole ; M. de Lanoüe, abusé par les espérances de l’amiral de Coligny, dupe lui-même des mensongères promesses de Catherine de Médicis et de son fils, M. de Lanoüe s’étant rendu à Mons, afin de se concerter avec les chefs du soulèvement projeté, le tenta sans succès, fut fait prisonnier, et échappa ainsi, par hasard, au massacre de la Saint-Barthélemy. Charles IX, de plus en plus alarmé de l’attitude indomptable des huguenots, sachant quelle influence M. de Lanoüe exerçait sur eux, demanda sa liberté à Philippe II, l’obtint, appela au Louvre le capitaine protestant et lui dit : « — J’ai foi dans votre parole… Allez à La Rochelle, engagez les protestants à se rendre et à se soumettre ; s’ils refusent, promettez-moi de revenir vous mettre prisonnier à ma discrétion. — J’y consens, — répondit Lanoüe. — J’irai à La Rochelle ; et si, en mon âme et conscience, les huguenots me paraissent devoir être vaincus, je les engagerai