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être facilement inondés, au moyen d’écluses ; ils deviennent alors impraticables à l’ennemi. Au centre du front maritime se trouve l’entrée du port, pratiqué au fond de la baie ; elle est défendue par les deux grosses tours de la Chaîne et de Saint-Nicolas, bâties en briques, armées de canons, et qui servent aussi d’arsenal et de poudrière. À droite et à gauche de ces deux tours, laissant entre elles la passe étroite du port, s’étend une muraille, revêtue en pierres de taille, battue par les flots à la marée haute, et rejoignant, à l’est, la porte Saint-Nicolas, et, à l’ouest, la tour de la Lanterne, au faîte de laquelle est un phare servant à guider les nautoniers. La ville n’est attaquable, en cet endroit, que par l’étroite langue de terre qui réunit le faubourg de Tasdon à la porte Saint-Nicolas ; mais, en outre du fossé plein d’eau qui protège cette porte, Scipion Vergano, habile ingénieur italien, mandé par nous, Rochelois, avait, en 1569, couvert cette porte d’une espèce de double contre-garde en terre flanquant l’entrée du port et battant les marais de Tasdon. — Le front est, qui s’étend de la porte Saint-Nicolas à la porte de Congues, n’offre, dans tout son développement, qu’une mauvaise muraille, flanquée de tours rondes. C’est l’un des côtés faibles de notre cité. Le front ouest se prolonge directement depuis la tour de la Lanterne jusqu’au bastion appelé le Boulevard de l’Évangile. Cette partie de l’enceinte consiste en un mur flanqué d’un grand nombre de petites tours très-rapprochées, et terrassées seulement en quelques endroits. Au milieu de cette longue ligne de défense, rendue presque inaccessible par de nombreux canaux, la porte Neuve a été autrefois couverte, par Scipion Vergano, d’un bastion fortement assis. Enfin, le front nord s’étend, depuis le Boulevard de l’Évangile jusqu’à la porte de Congues, sur une longueur de près de deux mille cinq cents pieds ; l’extrémité gauche de ce vaste front, trop vulnérable, est défendue par le bastion de l’Évangile, couvert par une levée de terre. Au centre et au point culminant de la ligne s’élève le demi-bastion de la Vieille-Fontaine ; il commande, il est vrai, toute la