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tion considérable du parti catholique, révoltée de l’effroyable cruauté de la cour, du sanglant fanatisme du pape et de l’ignoble sujétion de la France aux féroces exigences de Philippe II, s’alliait aux huguenots pour faire triompher, non-seulement la réforme religieuse, mais la réforme politique ; ces nouveaux adversaires de Charles IX et de sa mère prenaient le nom de « Politiques. » Le roi, effrayé de l’attitude de plus en plus menaçante des huguenots, ainsi renforcés, voulut encore les tromper par de fausses promesses, louvoyer, atermoyer ; il était trop tard. Une quatrième guerre religieuse éclata ; plusieurs provinces se fédérèrent républicainement ; La Rochelle devint la place d’armes des protestants, et Charles IX dirigea contre elle toutes ses forces, à la fin de l’année 1572… six mois à peine après la Saint-Barthélemy !


Moi, Antonicq Lebrenn, j’ai tenu presque quotidiennement une sorte de journal du siège de La Rochelle et de la défense des habitants, parmi lesquels notre famille a glorieusement combattu. Voici quelques fragments de ce mémento, contenant en peu de mots les faits généraux de la guerre, précédant l’un des épisodes du siège, épisode qui termine cette légende. J’ajoute, afin d’aider à l’intelligence du récit, une description sommaire des fortifications de La Rochelle, aussi empruntée à mon journal.


La Rochelle, située au fond d’une baie large et sûre, représente un rectangle allongé, dont le plus grand côté serait d’environ trois mille pieds de longueur, et le plus petit de douze cents pieds, lequel s’appuie à la mer ; la ville s’étend du nord-est au sud-ouest, entre les marais salants de Rompsai, Maubec et Tasdon (à l’est), et ceux de la porte Neuve (à l’ouest). Ces marais, en partie desséchés ou convertis en prairies, mais sillonnés d’un grand nombre de canaux, peuvent