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Gaulois retrouvèrent d’âge en âge leur antique énergie pour combattre les invasions étrangères, dont les ravages rendaient plus terrible encore le sort des populations asservies. Sous Karl-Martel, dont notre aïeul Amael fut l’un des capitaines, les Santones combattirent Abd-el-Rahman et Abd-el-Kader, lorsque, à la tête de leurs hordes, ces émirs, venus du fond de l’Afrique, mirent à feu et à sang la Touraine, la Saintonge et le Poitou ; plus tard, les Santones ne combattirent pas moins valeureusement les pirates northmans débarqués sur leurs côtes, pirates venus de ces lointaines contrées du Nord où les malheurs des temps jetèrent l’un de nos aïeux. Son fils Gaëlo (compagnon de guerre du vieux Rolf) devait être l’ancêtre d’une lignée de princes régnants souverains, dont le premier, ayant émigré de Norvège en Germanie, où il épousa une femme possédant quelques terres, fut élu chef héréditaire de la tribu de Gerolstein ; son descendant est, en ce siècle-ci, Frantz de Gerolstein, héritier de cette souveraineté grandie avec le temps, mais d’origine élective et plébéienne[1].

À l’époque des croisades, beaucoup de vassaux des seigneurs d’Aquitaine, de Saintonge et du Poitou, dans l’espoir d’échapper aux misères du servage, accompagnèrent en Terre-Sainte Wilhem IX, duc d’Aquitaine, ce forcené ribaud, témoin du sac de Jérusalem, où se trouvait aussi notre aïeul Fergan-le-Carrier, qui, après son combat contre son seigneur, Neroweg VI, sire de Plouernel, le laissa enseveli sous les sables du désert.


  1. La plupart des principautés régnantes en Germanie ont une origine plébéienne ou élective ; nous citerons un exemple entre mille :
    …...« Piast, chef de la seconde race des ducs souverains de Pologne, habitait le village de Cuswik, dans la Crusavie, et là, satisfait de sa fortune consistant en quelques arpents de terre, il partageait ses instants entre les travaux de la culture et les soins qu’il donnait à ses abeilles ; les palatins, connaissant les vertus de cet homme, l’élurent à une souveraineté qu’il n’ambitionnait pas ; ce fut en 842 qu’il prit les rênes du gouvernement. Cet excellent prince mourut en 861, laissant le trône à son fils Zumwiks, dont la postérité a régné plus de cinq siècles, etc. » (Biog. univ., v. XXXIV. Voir Piast (p. 246.)