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ne battaient pas, entonna d’une voix retentissante ce psaume, bien connu des protestants :

« L’Éternel ici-bas regarde
» Nuit et jour du haut des cieux ;
» À tous les mortels il prend garde,
» Et rien ne se cache à ses yeux. »



« De son trône auguste
» Ce roi saint et juste
» Voit distinctement
» Tout ce qui se passe
» Dans le grand espace
» Du bas élément. »



« Au fort des alarmes
» Ni camp, ni gendarmes
» Ne sauvent un roi !
» Le fer, le courage,
» Sont de nul usage,
» Éternel… sans toi ! »



« Oui, Dieu de ses ailes
» Couvre les fidèles
» Et veille toujours,
» Pour qui le révère,
» Pour qui rien n’espère,
» Que de son secours.[1] »


À peine le pasteur eut-il entonné ce psaume, d’une poésie biblique, que chacun de ses versets fut répété en chœur par les huguenots. Rien de plus solennel que ce choral de trois mille voix sonores et mâles éclatant au milieu du profond silence de la plaine et semblant saluer d’un hymne guerrier les premières lueurs de ce jour de bataille ; mais ces chants, d’une funeste inopportunité, révélaient à

  1. Psaume XXXIII, p. 88.