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agréable la bénédiction que je donne à mes enfants, afin d’attirer sur eux celle du ciel.

» Et quant à moi, offrant au Seigneur le mérite de Jésus-Christ en rédemption de mes péchés, je le prie de recevoir mon âme et de lui accorder la vie bienheureuse et éternelle en attendant la résurrection des corps…

» Pour conclusion, je supplie MM. de La Rochefoucauld, de Saragosse et de Lanoüe d’être tuteurs et curateurs de mes enfants… »

M. de Coligny achevait d’écrire ce testament, dont chaque ligne respirait la sincérité, la droiture, la sagesse, la modestie, les plus touchantes vertus familiales, la foi dans la sainteté de sa cause, l’amour de la France et l’horreur de la guerre civile, lorsque M. de Lanoüe entre chez l’amiral, les traits empreints d’indignation ; il tient une lettre à la main ; il va adresser la parole à M. de Coligny ; celui-ci, le prévenant :

— Mon ami, je viens d’écrire votre nom au bas de mon testament, vous priant, ainsi que M. de La Rochefoucauld, de vouloir bien être les tuteurs de mes enfants et de ceux de mon frère. — Puis, tendant sa main à Lanoüe : — Vous acceptez, n’est-ce pas, cette marque suprême de mon amitié, de ma confiance ? Élevés sous vos yeux, mes neveux et mes enfants, s’il plaît à Dieu, seront gens de bien.

— Monsieur l’amiral, — répond Lanoüe avec une émotion profonde, — je serai, par le cœur du moins, digne de la mission sacrée dont vous m’honorez.

— Que l’on puisse dire un jour de mes neveux et de mes fils : « Ils ont les vertus de Lanoüe... » Dieu aura exaucé ma dernière prière. Je vous confie ce testament, mon ami, gardez-le.

— Il n’est pas cacheté, monsieur l’amiral ?

— Mes amis et mes ennemis peuvent le lire… ce que l’on dit à Dieu, les hommes peuvent l’entendre, — répond l’amiral avec une grandeur antique. (Moi, Antonicq Lebrenn, qui écris cette légende, j’ai dû plus tard à l’amitié de M. de Lanoüe la communication de ce