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les juges, Henri II, Diane de Poitiers et leur bande. Les Guises, soutenus par l’Espagne et par Rome, commencèrent, dans l’intérêt de leur ténébreuse politique et de leur ambition effrénée, à se déclarer protecteurs et chefs suprêmes des catholiques en France ; afin de mener à bien leurs desseins, le cardinal Charles de Lorraine, jeune et beau prélat, nageant en plein dans l’adultère et la débauche, voulant s’assurer d’un puissant empire sur Diane de Poitiers, sollicite et obtient les faveurs de cette vieille courtisane ; François de Guise domine, de son côté, le faible Henri II ; et les deux Guisards, ayant pour instruments le roi et sa maîtresse, les poussent à des mesures implacables contre la réforme, certains de l’appui de l’Espagne et de Rome. À cette époque, Del Monte, le prélat le plus corrompu du sacré collège, est élu pape, sous le nom de Jules III ; son premier acte est de donner le chapeau de cardinal à son entremetteur habituel, qui de plus gardait les singes de sa ménagerie, d’où le surnom lui resta du cardinal Singe. — Charles‑Quint, vieillissant, subit le joug de la société de Jésus, dont l’influence allait toujours grandissant et de plus en plus effrayante, il établit l’Inquisition dans les Pays-Bas, les couvre de bûchers ; le feu n’étant pas un supplice assez horrible, on enterrait vivants hommes et femmes hérétiques jusqu’à la ceinture ; ils périssaient ainsi. — En 1551, nouvelle guerre avec l’Allemagne ; puis, plus tard, Charles-Quint, las du monde, du trône et des batailles, se retire au couvent de Saint-Just, en 1555, et abdique en faveur de son fils Philippe II, aveugle et féroce instrument des disciples de Loyola. La même année, le cardinal Caraffa est élu pape, sous le nom de Paul IV. Philippe II et Paul IV, c’était l’Inquisition sur le trône d’Espagne et au Vatican ; une seule pensée les guide : éteindre en Europe l’hérésie dans le sang. Ils ont bientôt pour allié Henri II, dominé par les Guises ; ils font épouser à son fils, François II, leur nièce, Marie Stuart, et poursuivent leur œuvre d’extermination contre la réforme. Malgré d’impitoyables persécutions, elle gagnait chaque jour des partisans ; Genève était le grand foyer de l’Église