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— Le prince de Gerolstein vient d’arriver au camp avec mon oncle Joséphin…

— Eh bien ?…


À ce moment, Nicolas Mouche, écuyer de confiance de l’amiral, entre chez son maître, et ne pouvant encore envisager ni Odelin ni son fils qui lui tournaient le dos, il s’écrie, surpris et inquiet : 
 — Des étrangers !… malgré les ordres sévères donnés aux sentinelles ! — Et s’avançant, il ajoute : — Qui êtes-vous ? que faites-vous ici ?… — Mais à l’aspect de l’armurier et de son fils, qu’il aimait d’une vive amitié, sachant leur dévouement pour M. de Coligny, le vieil écuyer reprit : — Pardon… mon cher Lebrenn, je ne vous avais pas tout d’abord reconnu… pardon, vous et votre fils, vous êtes, à bien dire, de la maison, il n’y a pas de consigne pour vous…


— Je rapportais le casque de M. de Coligny… — reprend Odelin… — mon fils est venu me chercher… je ne sais encore la cause de son émotion… Voyez combien sa figure est altérée… Encore une fois, mon enfant, que s’est-il passé ?

— Ma sœur… Marguerite…

— Que dis-tu ?

— Nous la croyions à jamais perdue pour nous…

— Grand Dieu !… achève…

— Je n’ose… le prince… et mon oncle… vous diront tout… venez… venez !

— Quoi ! — s’écrie Nicolas Mouche, s’adressant à Odelin, — cette pauvre enfant, depuis si longtemps disparue… et dont vous m’avez tant de fois parlé, serait retrouvée ?…

— Ah ! je ne peux croire encore à un pareil bonheur ! — reprit Odelin, palpitant de doute et d’espérance ; — Antonicq, explique-toi…

— Non, non… venez, vous saurez tout…

— Adieu ! — dit l’armurier à Nicolas Mouche, en suivant son fils, non moins éperdu que lui à la pensée de cette découverte inattendue.