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dans la cour du prieuré ; l’un des pasteurs qui suivaient l’armée, jeune homme nommé Féron, prononça d’une voix grave et sonore cette courte prière :

« Notre aide soit au nom de Dieu, qui a fait le ciel et la terre. Ainsi soit-il ! »

Cette invocation est répétée d’abord par l’amiral de Coligny, puis en chœur par l’assistance. Le pasteur Féron poursuit :

« Notre Père et Sauveur, puisqu’il t’a plu, au milieu des chances de la guerre, nous conserver cette nuit jusqu’à ce jour, veuille faire que nous l’employions tout à ton service ; ô Père céleste ! nos frères se reposent sur notre vigilance et notre courage, à nous leurs défenseurs ; daigne, par ta grâce, nous aider à accomplir fidèlement notre charge sans négligence ni lâcheté ! enfin, qu’il te plaise, ô grand Dieu des armées ! de changer ce temps calamiteux en un temps heureux où régneront la justice et la religion ! Alors nous ne serons plus réduits à nous défendre, alors ton saint nom sera de plus en plus glorifié par le monde ! Toutes ces choses, ô Dieu, notre père ! ô Dieu juste et bon ! nous te les demandons au nom et par la grâce de notre Sauveur Jésus-Christ. Nous te prions d’augmenter notre foi, de laquelle nous faisons confession, en disant : Je crois en Dieu le Père tout-puissant, et en son Fils notre rédempteur. »

Cette confession sacramentelle est répétée en chœur par tous les soldats, le pasteur achève ainsi la prière :

« Que la bénédiction de Dieu le Père, la grâce et la faveur de Notre Seigneur Jésus-Christ soient et demeurent éternellement pour nous tous, par la communion du Saint-Esprit. Ainsi soit-il[1]. »

— Ainsi soit-il ! — reprend M. de Coligny d’une voix grave et recueillie.


  1. Prière du matin au corps de garde, en 1569, Revue protestante, vol. I, p. 405.