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le franc-taupin, accablé. — Ah ! pour la famille, quelle honte ! quelle honte !… une fille d’honneur de la reine !…

un officier de M. de Coligny entre dans la sacristie, et s’adressant à Frantz de Gerolstein. — Monseigneur, je viens de la part de M. l’amiral donner l’ordre aux grand-gardes et aux avant-postes de se replier sur Saint-Yrieix.

frantz de gerolstein se tourne vers plusieurs Vengeurs d’Israël qui ont suivi l’officier. — À cheval, messieurs ! (S’adressant à Anna-Bell.) Venez, mademoiselle... veuillez remonter en litière… nous vous accompagnerons à Saint-Yrieix… et en chemin je vous instruirai de ce qui concerne votre famille… à laquelle j’appartiens… Oui, nous sommes du même sang…

À ces derniers mots, Anna-Bell regarde le prince avec stupeur ; il prévient la question qu’elle va lui adresser en lui offrant son bras. Il sort avec elle de la sacristie, suivi de l’officier des huguenots et du franc-taupin, se disant avec amertume : — Quelle découverte pour Odelin… pour Antonicq, lorsque, tout à l’heure, à Saint-Yrieix, ils vont apprendre que cette malheureuse créature… est leur fille… est leur sœur !…

Les Vengeurs d’Israël et l’escadron de reîtres allemands, à la tête desquels Frantz de Gerolstein était allé pousser une reconnaissance aux environs de la forêt, sont éloignés depuis quelque temps ; la chapelle de Saint-Hubert est silencieuse et déserte ; la brise matinale balance le corps du moine pendu à l’une des branches d’un grand chêne planté devant le portail du saint lieu ; l’expression des traits de ce cadavre est terrible, ils ont conservé l’empreinte des tortures de l’agonie du cordelier ; la peau de son crâne est enlevée… on le dirait coiffé d’une calotte rouge…

Représailles abominables !… moins abominables encore que les crimes sans nom dont elles sont l’expiation vengeresse !