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Quint, le saint-père ne réunit pas de concile, évoqua la question religieuse par-devant lui, comme suprême arbitre. Cet arbitrage avorta, les guerres religieuses continuèrent d’ensanglanter une partie de l’Allemagne. En 1548, une formidable insurrection éclate en France : Henri II, à bout de ressources et d’impôts, imagine de forcer chaque habitant de la Guyenne à acheter une certaine quantité de sel, dont l’État se réservait la vente, qu’il taxait à des prix exorbitants ; les malheureux qui refusaient d’acheter vingt fois plus de sel qu’ils ils en pouvaient consommer, et de le payer cent fois sa valeur, sont traînés en prison. Exaspérés par la sauvage iniquité de ces édits et par les violences dont ils sont accompagnés, la Guyenne, le Périgord, le Poitou, se soulèvent, massacrent les gabeleurs ; Bordeaux tombe au pouvoir des insurgés, mais le connétable de Montmorency entre dans cette ville à la tête d’une armée, fait pendre, rouer, écarteler, noyer, ceux qui ont pris part à cette légitime révolte, et force les échevins de déterrer avec leurs ongles le corps d’un officier royal tué pendant l’insurrection, puis Bordeaux est dépouillé de ses franchises. Pendant que le sang ruisselle dans les provinces, Henri II assiste aux fêtes du mariage d’Antoine de Bourbon avec Jeanne d’Albret (cette femme héroïque devait être la mère d’Henri de Bourbon). — En 1550, meurent les deux chefs de la maison de Guise : le duc Claude et son frère Jean, cardinal de Lorraine ; François, fils aîné du duc Claude, devient duc de Guise, et son frère Charles, jusqu’alors archevêque de Reims, s’empourpre du cardinalat. Ce cardinal, le plus dissolu, le plus orgueilleux, le plus ambitieux, le plus fourbe, le plus rapace des prélats, joignit, à la mort de son oncle, ses bénéfices aux siens, et, ainsi riche de plus de cinq cent mille livres de rente, ne paya pas une seule des énormes dettes du défunt, dont il ruina tous les créanciers. Les persécutions contre les réformés redoublent de fureur ; le Parlement, auquel on donna le nom de Chambre ardente, parce qu’il envoyait indistinctement tous les accusés au bûcher, ordonnait supplices sur supplices ; les biens des condamnés se partageaient entre