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frantz de gerolstein reconnaît la jeune fille et l’aide à se relever. — Je me souviens, mademoiselle, de vous avoir souvent rencontrée à la cour de France l’an passé… De grâce, rassurez-vous… il y a sans doute à votre sujet une funeste méprise…

anna-bell, saisit les mains du prince, les baise, les couvre de larmes et s’écrie : — Vous me sauvez la vie, monseigneur… Ne le regrettez pas… je suis innocente du crime horrible dont on m’accuse !

le franc-taupin, rudement. — Prince, il faut que cette femme meure !…

plusieurs huguenots. — Oui, oui ! pas de pitié pour les prostituées de l’Italienne !… pour ses messagères de mort !…

frantz de gerolstein. — Mes amis, vous m’avez souvent témoigné votre reconnaissance pour les services que j’ai été heureux de rendre à notre cause…

les huguenots. — Vous êtes l’un des plus vaillants soutiens de l’Église du désert ! — un de nos meilleurs généraux ! — Votre bourse est ouverte à nos pauvres volontaires ! — Vous visitez les blessés ! — Vous les réconfortez par vos touchantes paroles, au nom de la fraternité évangélique ! — Nous vous chérissons tous ! — Vous vous feriez tuer pour nous  ! — Nous nous ferions tuer pour vous !

anna-bell se dit avec une navrante amertume. — Si vaillant ! si généreux ! si bon ! inspirer de tels sentiments à ces hommes impitoyables ! et j’ose l’aimer… misérable créature perdue que je suis !…

frantz de gerolstein. — Amis, ces assurances de votre affection me sont doublement précieuses ; elles me font espérer que vous écouterez ma voix. Vous ne retiendrez pas plus longtemps cette jeune fille prisonnière… Encore une fois, je ne puis croire au crime dont vous l’accusez ! Je l’ai connue à la cour de France ; j’ai souvent conversé avec elle, et j’en jurerais ! quelle que soit la déplorable renommée de ses compagnes, elle est une heureuse exception parmi elles…

anna-bell, avec un accent de reconnaissance ineffable. — Oh !