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tuent en cité républicaine ; cette place forte devient un asile assuré pour les réformés. Le trésor public est épuisé par les frais de guerres ruineuses, par le faste effréné de François Ier ; ce roi chevalier a recours à sa ressource habituelle : il bat monnaie en créant et vendant de nouvelles charges judiciaires, multipliant à un point dérisoire le nombre des officiers des cours souveraines ; ses coffres remplis, il lève de nouvelles troupes et redouble de prodigalités. L’Angleterre, l’Espagne et l’Allemagne se liguent contre la France ; malgré le gain de la bataille de Cérisoles par les généraux de François Ier, le roi d’Angleterre, en 1544, descend à Calais, assiège Boulogne, Montreuil, s’empare de cette place ; Luxembourg, Ligny, Commercy, Saint-Dizier, tombent au pouvoir de l’empereur, et François Ier, le roi gentilhomme, est forcé de signer une paix honteuse avec Charles‑Quint, le 17 septembre 1544. Henri VIII poursuit la guerre ; en 1546, François Ier achète encore une paix humiliante, ruineuse, au prix de huit cent mille écus d’or de dédommagement payés à l’Angleterre ; après quoi le roi très-chrétien meurt des suites d’une maladie honteuse, le 31 mars 1547, à l’âge de cinquante-trois ans, digne fin d’une pareille vie ! — « Il s’en va, le galant, il s’en va ! » — disait gaiement au fils du royal agonisant Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, en manière d’oraison funèbre.

Henri II devient roi de France, et possède désormais sans rival l’infâme créature dont il s’était partagé les faveurs avec son père, délaissant pour cette royale courtisane, âgée de quarante-huit ans, sa jeune femme, Catherine de Médicis, alors dans toute la fleur de sa jeunesse et de sa beauté, mais profondément dissimulée ; ayant pour évangile le terrible livre de Machiavel, Catherine sentait que l’heure de sa domination n’était pas venue, et repliée dans les ténèbres de son âme infernale, elle savait attendre… et attendait… Henri II, habile écuyer, adroit gladiateur, indolent, débauché, laisse prendre tout empire à Diane de Poitiers ; elle s’unit au maréchal de Saint-André et aux deux chefs de la puissante maison de Guise, le cardinal