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jour de nouvelles demeures s’élèvent dans les faubourgs en dehors des remparts, dont l’enceinte est devenue insuffisante, quoiqu’ils renferment douze à treize mille maisons. Mais, ainsi que par le passé, Paris est toujours divisé, pour ainsi-dire, en quatre villes, par deux rues qui le coupent en croix ; la rue Saint-Martin, prolongée par la rue Saint-Jacques, le traverse de l’est à l’ouest ; la rue Saint-Honoré, prolongée par la rue Saint-Antoine, le traverse du nord au midi. Aux gens de cour, le quartier du Louvre ; aux gens de guerre, le quartier de la Bastille, de l’Arsenal, rempli d’armes, et du Temple, rempli de poudre ; aux gens d’étude et de lettres, le quartier de l’Université ; aux gens d’église, le quartier Notre-Dame et Saint-Germain, où sont bâtis les couvents des Cordeliers, des Chartreux, des Jacobins, des Augustins, des Dominicains, et tant d’autres moutiers de moines et de nonnes, sans compter les monastères disséminés dans la ville ; les commerçants habitent généralement le centre de Paris, vers la rue Saint-Denis ; les fabricants, le quartier de l’Est, le plus misérable de tous, là se trouvent des logeurs ou, pour un liard chaque nuit, vont coucher les artisans. La majeure partie des maisons bourgeoises et tous les couvents sont maintenant bâtis en pierre, et non plus en bois comme autrefois ; ces modernes constructions, recouvertes de toits d’ardoise ou de plomb, ornées de sculptures, deviennent de jour en jour plus nombreuses. Il en est ainsi des crimes de toute sorte ; leur augmentation est hors de toute mesure. Les meurtriers, les bandits, prennent, la nuit venue, possession des rues ; ils sont au nombre de vingt-cinq ou trente mille organisés en compagnies, Guilleris, Plumets, Rougets, Tire-laine ; ceux-ci dévalisent les bourgeois, auxquels il est interdit de porter des armes ; les Tire-soie, plus audacieux, s’attaquent aux gentilshommes, toujours armés ; les Barbets se déguisent en artisans de diverses professions ou en moines de divers ordres, s’introduisent ainsi dans les maisons pour voler ; c’est encore la compagnie de la Matte ou Fins Maltois, coupeurs de bourse ; les Mauvais-Garçons, les plus redoutables de tous, offrent publiquement,