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et de Pampelune ; mais ces places fortes sont bientôt reprises, et la Navarre conquise aux Espagnols, tandis que le pape Léon X, se tournant contre la France, ainsi qu’autrefois Jules II, s’allie à Charles-Quint pour chasser les Français du Milanais ; le connétable de Bourbon, cousin du roi, se joint à l’ennemi. Les Anglais, les Allemands entrent en Picardie, la ravagent, leur avant-garde s’avance jusqu’à onze lieues de Paris ; les Espagnols assiègent Bayonne ; les Allemands envahissent la Provence, attaquent Marseille. François Ier, au lieu de repousser cette formidable agression, qui met l’étranger au cœur du royaume, s’opiniâtre à aller de nouveau conquérir le Milanais ; malgré l’avis contraire de ses généraux, il assiège Pavie, le 24 février 1525, et après une bataille acharnée, où fut tué le chevalier Bayard, François Ier, fait prisonnier, est conduit en Espagne, et Charles-Quint lui donne le château de Madrid pour prison. Hélas ! depuis la captivité du roi Jean, les peuples savent ce que coûte la rançon de leurs sires ; celle de François Ier fut exorbitante. Il s’engagea, par un traité signé en 1526, à payer onze millions d’écus au roi d’Angleterre (paye… paye, pauvre Jacques Bonhomme ! C’est, tu le vois, un luxe onéreux que les porte-couronnes !) ; de plus, François Ier cède à Charles-Quint la Bourgogne, le Charolais, et renonce à toutes ses prétentions sur le royaume de Naples, sur le duché de Milan, sur la seigneurie de Gênes et autres souverainetés imaginaires. À ces conditions, le roi gentilhomme (ainsi qu’il se plaît à s’intituler) est mis en liberté, donnant ses deux fils en otage comme garantie de l’accomplissement de sa parole. Le roi gentilhomme a gravé, dit‑on, ce distique sur l’un des vitraux du château de Chambord :

Souvent femme varie ;
Bien fol est qui s’y fie.

Ce prince, pour son déshonneur éternel, fait cette variante à son adage :

Souvent prince varie ;
Bien fol est qui s’y fie…