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la Croix-du-Trahoir ; de sorte que lorsque notre bon sire aura assisté à cette exécution-ci, il assistera aux autres en s’en retournant au Louvre[1], et…

Le Mathurin fut interrompu par une grande rumeur. Ces mots circulèrent de bouche en bouche :

— Silence… silence ! le roi va parler.

Pendant l’entretien du Mathurin et du franc-taupin, le roi, sa famille, sa cour, les grands dignitaires de l’Église et du royaume, avaient pris place sur l’estrade. Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes, qui partageait ses immondes faveurs entre François Ier et son fils, attirait tous les regards par sa parure, non moins éblouissante que ses charmes, alors en pleine maturité. Cette royale courtisane jetait de temps à autre un regard ironique et superbe sur ses deux rivales : la reine de France, et Catherine de Médicis, femme de Henri, fils du roi. Cette jeune princesse, alors âgée de seize ans à peine, née à Florence, ville de Laurent de Médicis, et nièce du pape Clément VII, offrait le type accompli de la beauté italienne ; pâle, brune de cheveux,

  1. Ces monstruosités semblent dépasser les limites du possible, et ne sont pourtant que la réalité pure. Citons :
    …...« Le soir du même jour (21 janvier 1535) les six coupables furent conduits au parvis Notre-Dame, où l’on avoit préparé des feux pour les brûler ; il y avoit au-dessus du bûcher des sortes d’estrades élevées, où l’on attacha les patients, ensuite on alluma le feu au-dessous d’eux, et les bourreaux, lâchant doucement la corde du levier, laissoient couler jusqu’à la hauteur du feu, ces misérables, pour leur en faire sentir la plus vive impression, puis on les guindoit de nouveau en haut, et, après leur avoir fait subir ce cruel tourment à diverses reprises, on les laissa tomber au milieu des flammes où ils expirèrent. » (Histoire de France, par le P. Daniel, de la compagnie de Jésus, t. IX, p. 41. Paris, 1751.)
    …...« Ledit jour (21 janvier 1535), en présence du roi, de la reine et de toute sa cour, et après les remontrances susdites, furent amenés les six hérétiques, faire amende honorable devant ladite église Notre-Dame de Paris, et incontinent furent brûlés tout vifs. » (Faits et gestes des rois de France et d’Angleterre, par Jean Boucher. Poitiers, 1537, in-folio, p. 271-274.)
    …...«… Pour purger le forfait, lesdits hérétiques furent brûlés ledit jour (21 janvier 1535) en divers lieux, par lesquels le roy passoit, et que en vain les pauvres patients crioient, lui demandant grâce et miséricorde. » (Histoire de l’état de la Religion, par Jean Sleidan, 1557, l. IX, p. 137.)