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— Tu l’as dit, mon petit Odelin, j’ai souffert, je souffre des suites d’une blessure… elle ne se fermera pas, je le crois, de longtemps… Mais j’ai à te remettre ce billet de la part de ton père… prends et lis.

— Une lettre ? Ne vais-je donc pas revoir mon père, tout à l’heure, à la maison ? — Et Odelin, de plus en plus étonné, lut ce qui suit :

« Mon Odelin bien-aimé, conforme-toi sans l’interroger à tout ce que ton oncle Joséphin exigera. Ne t’alarme pas, je t’embrasserai bientôt ; je t’aime toujours du plus profond de mon cœur.

» Ton père,

» Christian. »…..............................

Odelin, malgré de vagues et croissantes inquiétudes, se sentit rassuré par ces mots de son père : « Je t’embrasserai bientôt. » Il dit au franc-taupin :

— Que dois-je faire, mon oncle ?

L’aventurier prit sur le lit un paquet, en tira une robe de capucin, et dit à son neveu :

— Il faut d’abord, mon enfant, endosser ce froc par-dessus tes vêtements, et, lorsque nous serons dehors, rabaisser ton capuchon sur ton visage.

— Moi ? — reprit Odelin, ébahi, — revêtir ce costume, et pourquoi ? — Mais, se rappelant la lettre de Christian : — J’oubliais que mon père m’a recommandé de vous obéir, mon oncle, sans vous interroger. Je vais donc endosser ce vêtement.

— Allons, — dit maître Raimbaud, tâchant de sourire afin de tranquilliser Odelin, — d’apprenti armurier, te voici transformé en apprenti capucin…

— C’est la volonté de mon père, maître Raimbaud, j’obéis ; mais je n’aime guère une robe de moine.

— Je suis meilleur papiste que toi, petit Odelin, — répondit le franc-taupin avec une ironie sinistre, en aidant au déguisement de son neveu ; — j’aime tant les moines, que j’espère un jour donner à