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classes du royaume, mais l’universalité des citoyens, représentés par les États généraux… » (Page 146.)

Les députés du tiers-état ou des communes déposèrent ensuite les cahiers renfermant leurs réclamations ; ils signalaient :

« La misère excessive à laquelle le peuple était réduit, et attribuaient cette misère aux exactions du clergé, à la vente des bénéfices ecclésiastiques, aux horribles vexations des gens de guerre, qui, cheminant sans cesse de province en province, logeaient chez le laboureur ; et quoique celui-ci eût déjà payé la taille afin d’être défendu et non pillé par eux, ces gens de guerre ne se contentaient pas de ce qu’ils trouvaient dans le logis du paysan, mais le contraignaient, à grands coups de bâton, d’aller chercher à la ville des mets délicats. » (Page 149.)

Les députés des communes demandaient aussi qu’on supprimât les pensions accordées aux seigneurs ; « car (disaient les cahiers du tiers-état) ces coûteuses pensions sont payées des deniers du pauvre laboureur, et trop souvent ses enfants, obligés de mendier leur pain à la porte de quelqu’un de ces riches bénéficiers, envient la nourriture de ses chiens de chasse. » (Page 148.)

Enfin, les cahiers du tiers-état posaient fermement les principes suivants, affirmés par Étienne Marcel plus d’un siècle auparavant :

« — la royauté est un office, non un héritage.

» — C’est le peuple souverain qui, dans l’origine, créa les rois.

» — L’État est la chose du peuple.

» — La souveraineté n’appartient pas aux princes, qui n’existent que par le peuple.

» — Un fait ne prend force de loi que par la sanction des Assemblées nationales ; rien n’est saint ni solide sans leur aveu. » (Journal des États généraux tenus à Tours en 1484, p. 146, 148, 150.)

Oh ! sans doute, fils de Joel, nous ne sommes pas au terme de nos maux, de nos épreuves ; nous aurons encore longtemps à lutter, à