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du Roussillon et court à Calais, où débarquait l’armée d’Édouard IV, comptant sur l’appui des troupes du duc de Bourgogne ; mais Charles-le-Téméraire combattait alors en Allemagne des ennemis suscités contre lui par la politique souterraine de Louis XI. Celui-ci gagne par sa subtile adresse les conseillers d’Édouard IV, les corrompt à force d’or, et la France échappe à une nouvelle invasion des Anglais. Un implacable ennemi restait à Louis XI, le fougueux Charles-le-Téméraire ; on le trouve à point nommé percé de coups après une bataille livrée aux Suisses. Cette mort n’est pas attribuée aux chances du combat, mais au poignard d’un assassin soudoyé par l’Italien Campo-Basso, secrètement vendu à Louis XI et familier de Charles-le-Téméraire. Ce prince ne laissant pas d’enfants, non plus que les ducs de Provence et d’Anjou, ces trois grands fiefs retournent à la couronne de France. Les seigneurs complices de la nouvelle ligue sont poursuivis ; le comte de Saint-Pol est décapité ; le duc de Nemours, dont Louis XI espérait des révélations, est conduit à la Bastille, mis en une cage de fer, et plusieurs fois torturé, afin de lui arracher des aveux. L’on a cité une lettre de Louis XI au gouverneur de la Bastille, disant à propos du duc de Nemours : « Il faut le torturer beaucoup et longtemps… le faire parler clair. Agissez âprement, faites-le-moi bien parler. » Le duc de Nemours parla bien, et, à la suite de ses tortures, fut placé, les membres brisés, sur un cheval caparaçonné de noir, et conduit aux Halles, où il eut la tête tranchée. Enfin, bourrelé d’inquiétudes, craignant toujours, ainsi que son père Charles VII, d’être entouré d’empoisonneurs, sombre, inquiet, farouche, s’imposant une réclusion volontaire, Louis XI mourut, abhorré de tous, le 24 août 1483.


Louis XI laissait deux filles (Anne, mariée à Pierre II, seigneur de Beaujeu ; Jeanne, mariée à Louis, duc d’Orléans) et un fils, qui régna sous le nom de Charles VIII. Cet enfant, faible, maladif,