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corps de métiers, plongés en majorité dans une déplorable ignorance, subissaient encore la fanatique influence des moines et, inspirés par eux, ressentaient contre les réformés une haine aveugle. Quelques flambeaux de cire, apportés par des assistants, éclairaient les profondeurs de la carrière, jetant des lueurs confuses sur ces nombreux personnages graves et recueillis. Lorsqu’il entra, suivi de Gaspard de Coligny, du prince de Gerolstein, du vicomte de Plouernel et de Christian, Jean Calvin fut reconnu de quelques-uns des réformés ; son nom courut de bouche en bouche avec une expression de confiance, de respect et de dévouement ; ceux qui ne l’avaient point encore vu étaient frappés du caractère résolu de sa physionomie mâle et pensive. Un profond silence se fit, les réformés se formèrent en cercle autour de leur apôtre ; il monta sur un bloc de pierre et leur dit d’une voix sonore, fortement accentuée :

— Mes chers frères, je vais, en peu de mots, vous instruire du motif de cette réunion. Je viens de parcourir la plus grande partie de la France ; j’ai conféré avec la plupart de nos pasteurs et de nos amis, afin d’arrêter de concert avec eux les articles de foi de la religion évangélique, dont la base a été jetée par l’immortel Luther. Si la formule de nos communes croyances est adoptée par vous telle qu’elle l’a été par la plupart de nos amis, l’unité de l’Église réformée sera constituée. Voici notre Credo, — ajouta Jean Calvin en tirant de sa poche plusieurs feuillets de papier, tandis que Robert Estienne, prenant l’un des flambeaux de cire, s’approchait et éclairait Jean Calvin, qui lut ce qui suit au milieu d’un profond et religieux silence :

jean calvin. — « Nous croyons et confessons qu’il y a un seul Dieu, essence unique, spirituelle, éternelle, invisible, immuable, infinie, incompréhensible, ineffable, qui peut toutes choses, qui est toute sage, toute bonne, toute juste et toute miséricordieuse ? »

les réformés. — Oui, telle est notre croyance ! — telle est notre confession…