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étranger. — Puis, courant vers la petite fenêtre donnant sur la rivière : — Peut-être Christian s’est échappé par là ?

Pendant que l’archer se livrait à de nouvelles recherches, fouillant en vain les coins et les recoins du galetas, Jean Lefèvre ramassait soigneusement les fragments de papier écrit disséminés sur le plancher, les rassemblait, et agenouillé près de l’escabeau, où il venait de placer la lanterne, les examinait attentivement ; soudain il tressaille et s’écrie :

— Quel soupçon ! la présence de Christian hier à Montmartre… Oh ! quelle découverte !… Mais pour en profiter, il n’y aurait pas un moment à perdre… — Et se relevant, il dit au sergent, qui achevait ses perquisitions infructueuses : — Il y a tout lieu de penser que Christian Lebrenn n’est pas ici ; je crois soupçonner la cause de son absence… Il faudra cependant, avant de quitter cette maison, visiter la chambre où couchaient ses deux fils ; elle est située derrière la salle basse. Hâtons-nous, votre expédition n’est pas terminée ; il vous faudra sans doute sortir de Paris cette nuit.

— Sortir de Paris, mon révérend ?

— Oui, peut-être ; mais il faut que j’avise auparavant M. le lieutenant criminel. Oh ! quelle découverte ! quelle découverte !… pouvoir écraser d’un coup la nichée de vipères !…

Jean Lefèvre et le sergent redescendent dans la salle basse ; et après quelques mots dits à l’oreille du soldat, le jésuite sort de la maison, emportant le coffret où sont renfermées les légendes et les reliques de la famille Lebrenn.

La chambre occupée par Hervé est fouillée aussi vainement que les autres pièces de la maison. Durant ces recherches, Brigitte s’est efforcée de calmer la frayeur de sa fille ; Hervé, morne et sombre, les mains liées de cordes comme sa mère et sa sœur, est resté étranger à ce qui se passait autour de lui. Le sergent du guet, renonçant à la capture de Christian, signifie à Brigitte de le suivre avec ses enfants. Elle le supplie d’avoir compassion de sa fille, qui, à la suite de tant