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— Par ordre de M. Jean Morin, lieutenant criminel, je suis chargé d’arrêter Christian Lebrenn, imprimeur, sa femme, son fils et sa fille, accusés d’hérésie.

— Mon mari n’est pas ici ! — s’écrie Brigitte, songeant d’abord au salut de Christian, quoique frappée de stupeur et de crainte par cette menace d’arrestation. Soudain, à quelques pas derrière les archers, qu’il dépassait de toute la tête, grâce à l’élévation de sa taille, le franc-taupin apparaît aux yeux de Brigitte. D’un geste, il lui fait signe de garder le silence, car elle allait l’appeler à son aide dans cette pénible circonstance ; puis il disparaît.

— Vous prétendez que votre mari n’est pas ici ? — reprend le sergent. — Vous mentez ! vous voulez le cacher… Nous allons fouiller la maison… — Et, s’adressant à ses hommes : — attachez les mains de ce jeune homme, de cette jeune fille et de cette femme, et surveillez-les.

Jean Lefèvre, le visage complètement caché par la cagoule de son froc, ne pouvait être reconnu de Brigitte ; il savait les êtres de cette maison, au foyer de laquelle il s’était si souvent assis en ami !… Il fait signe au sergent de le suivre, et prenant un fallot des mains de l’un des archers, il gravait les degrés de l’escalier, entre dans la chambre des deux époux, et indiquant du geste le bahut où Christian plaçait ce qu’il avait de plus précieux, il lui dit :

— Les papiers en question doivent se trouver là, dans un coffret de bois noir.

La clef était restée dans la serrure du meuble, dont le sergent ouvre les deux battants ; il aperçoit et prend sur l’une des tablettes un assez grand coffret.

— C’est cela même, — dit Jean Lefèvre. — donnez-moi cette cassette ; je la remettrai moi-même à M. le lieutenant criminel.

— Ce Christian est caché quelque part, — reprit le sergent en regardant sous le lit et derrière les rideaux ; — il doit être ici.

— C’est presque certain, — dit Jean Lefèvre. — Il sort très-rare-