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— Impossible de laisser la maison seule, mes enfants ; qui ouvrirait à votre père lorsqu’il rentrera ? Puis, maître Simon ne nous a-t-il pas, hier, envoyé ce petit sac de perles pour broder la robe de velours de madame la duchesse d’Étampes ? Ces perles ont une valeur considérable ; je serais dans une inquiétude mortelle en songeant que ces objets précieux restent sans gardien, tandis que te sachant là, mon Hervé, je ne craindrai rien, — ajouta Brigitte avec un regard de confiance affectueuse qui semblait dire à son fils : « — Tu es redevenu homme de bien, tu as, dans ton égarement, commis un larcin, je te confie un trésor. »

Hervé devina la secrète pensée de Brigitte, et, portant à ses lèvres la main de sa mère, il lui dit :

— Ta confiance en moi sera justifiée.

— Cependant, ce soir, un peu avant la nuit, nous avons quitté la maison pour aller nous promener au bord de la rivière, — reprit Hêna, — que risquerions-nous davantage maintenant en sortant tous trois ?

— Chère fille, tantôt il faisait encore jour, les boutiques de nos voisins étaient ouvertes, les malfaiteurs n’auraient rien osé tenter en un pareil moment ; tandis que, à cette heure, toutes les boutiques étant fermées, les rues, presque désertes, appartiennent aux larrons…

— Mais dans ces rues, tu vas t’exposer, mère !

— Je n’ai rien sur moi qui puisse tenter la cupidité des voleurs… Adieu ! adieu, mes enfants ! — ajouta Brigitte en embrassant tour à tour Hêna et son frère. — Ah ! je tremble en pensant que notre pauvre amie… Encore adieu !… Demain matin, chère fille, ton frère ou ton père te conduira chez la Catelle, où tu me trouveras… nous reviendrons ici ensemble… Hervé, éclaire-moi…

Brigitte descendit rapidement l’escalier précédée de son fils, qui portait la lampe ; à peine sa mère fut-elle sortie de la maison qu’Hervé remonta lentement dans la chambre haute, se disant :

— Il faut à ma mère une heure pour aller chez la Catelle, autant