sa mante, ne doutant, ne pouvant douter de la réalité de l’affligeante et trop vraisemblable nouvelle que lui apportait son fils.
— Mère, — dit Hêna, surprise, — tu ne m’emmènes donc pas avec toi ?
— Y songes-tu, mon enfant ? à cette heure de la nuit ?…
— C’est à moi, sœur, d’accompagner notre mère, — reprit Hervé. Puis l’infernal hypocrite ajouta avec un accent de tendresse contenue en offrant à Brigitte son front à baiser : — N’est-ce pas le plus doux de mes devoirs de veiller sur toi, bonne mère ?
— Ah ! — dit Brigitte tout bas d’une voix émue en baisant son fils au front, — je te reconnais, mon Hervé d’autrefois !… Elle faisait ainsi allusion aux pénibles événements des derniers jours et déjà pardonnés, grâce à l’apparent repentir d’Hervé. Puis elle reprit tout haut : — Une femme de mon âge ne risque rien dans les rues, mon enfant, et je ne veux pas laisser ta sœur seule ici.
— Je ne suis pas peureuse, — répondit Hêna. — Je verrouillerai la porte en dedans ; je serai ainsi beaucoup plus rassurée qu’en te sachant à cette heure dans les rues sans protection. Mon Dieu ! mère, rappelle-toi donc ce qui est arrivé avant-hier à la Catelle… Permets qu’Hervé t’accompagne.
— Mère, — ajouta Hervé, — tu entends cette chère sœur ; je me joins à elle pour te supplier de…
— Mes enfants, nous perdons un temps précieux… Hélas ! n’oublions pas que notre amie est à cette heure, presque expirante, abandonnée aux soins d’une servante… Adieu ! adieu !…
— Quel malheur que justement notre oncle soit allé aujourd’hui à Saint-Denis ! — reprit Hervé en soupirant ; mais, semblant frappé d’une idée subite : — Mère, pourquoi Hêna et moi ne t’accompagnerions-nous pas ?
— Oh ! gentil frère, tu mérites d’être embrassé vingt fois pour cette pensée-là ! — dit la jeune fille sautant au cou d’Hervé, puis l’embrassant tendrement. — C’est convenu, mère, nous partons tous trois ?