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— Que lui est-il arrivé ?

— Ce soir, en sortant avec moi de l’imprimerie, mon père m’a engagé à l’accompagner pendant une partie de sa route ; il se rendait chez un ami avec lequel il soupe ce soir.

— Je sais cela… mais Marie-la-Catelle ?…

« — La maison de la Catelle est sur notre passage, — m’a dit mon père ; — nous irons savoir si elle ne se ressent pas de sa pénible émotion d’avant-hier soir. »

— Hier matin, après l’avoir reconduite chez elle avec ta sœur, — reprit Brigitte, — nous avons laissé Marie calme et rassurée ; elle est courageuse… Mais que s’est-il donc passé depuis ?

— Malgré son caractère ferme, son empire sur elle-même, elle a subi le contre-coup de l’odieuse scène de l’autre soir ; et cette nuit, Marie-la-Catelle a été saisie d’un accès de fièvre chaude. On l’a saignée deux fois aujourd’hui ; tout à l’heure, nous l’avons trouvée dans un état désespéré.

— Grand Dieu !

— Pauvre Marie ! — dit Hêna en joignant les mains avec une expression navrée, tandis que ses yeux se remplissaient de larmes ; — quel malheur !

— La fatalité a voulu que sa belle-sœur fût partie hier pour Meaux avec son mari, — ajouta Hervé ; — la Catelle, presque mourante, est abandonnée en ce moment aux soins d’une servante…

— Hêna, vite, ma mante ! — dit Brigitte en se levant brusquement ; — ah ! je ne laisserai pas cette excellente amie livrée à des mains mercenaires !…

— Chère et excellente mère, tu préviens les désirs de mon père… — reprit Hervé, tandis que sa sœur s’empressait de chercher dans un coffre la mante de Brigitte. — Mon père m’a dit : « Va promptement avertir ta mère de ce malheur, je sais combien elle est affectionnée à notre amie, elle voudra la veiller cette nuit. »

— Certes, et j’y cours ! — répondit Brigitte en s’enveloppant dans