vous ajoutez mentalement) à moins que je ne change de volonté[1]. »
— Je suis femme et non mariée ; j’ai cédé à un séducteur ; je redoute la colère et les reproches de ma famille ?
« — Ma fille (répondrai-je), rassurez-vous ; une personne de votre âge peut librement disposer de son corps et d’elle-même ; vous n’avez pas péché[2]. »
— Je suis une joueuse forcenée ; je m’accuse d’avoir dérobé à mon mari quelques sommes que j’ai perdues au jeu ?
« — Ma fille (répondrai-je), tout étant commun ou devant l’être entre époux, vous n’avez nullement péché en puisant à la bourse commune[3]. »
— Je suis femme ; j’aime passionnément la parure, et je m’en accuse ?
« — Ma fille (répondrai-je), si vous vous parez sans mauvaise intention et seulement afin de satisfaire à votre goût naturel pour la parure, vous ne péchez point[4]. »
— Je m’accuse d’avoir suborné la femme de mon meilleur ami ?
« — Mon fils (répondrai-je), distinguons : si vous avez, par traîtrise, suborné cette femme précisément parce qu’elle était l’épouse de votre ami, vous avez péché ; mais si vous l’avez subornée ainsi que vous eussiez fait de toute autre, vous n’avez en rien outragé l’amitié[5]. »
— Voilà qui est bien, — reprend Loyola, — mais vous absolvez tout ce que la morale humaine et les Pères de l’Église condamnent ?
— Maître, vous l’avez dit : les absous ne réclameront point.
— Quel est le motif de la complaisance de vos doctrines ?
— À cette heure, il règne parmi les hommes une incurable corruption ; la rigueur les éloignerait de nous, notre tolérance pour leurs vices doit nous livrer, corps et âme, nos pénitents à la plus grande gloire de Dieu.