— Ne vaudrait-il pas mieux, pour la plus grande gloire et, sécurité de l’Église catholique que la royauté fût abolie ?
— Cela serait préférable.
— Comment subordonner absolument les, rois aux papes ? ou, mieux encore, comment détruire la royauté ?
— En soulevant contre elle ses sujets.
— Par quels procédés ?
— En déchaînant, les passions d’une populace ignorante ; en exploitant le vieil esprit communier des bourgeoisies ; en exaltant les jalouses rancunes des grands seigneurs, jadis pairs des rois aux temps de la féodalité.
— N’est-il pas un dernier moyen de se défaire des royautés ?
— Il en est un.
— Lequel ?
— Le poignard.
— Entendez-vous par là qu’un membre de l’Église doit et peut poignarder un roi ?
« — Maître, il n’appartient pas aux moines de tuer ouvertement… ou par embûche les rois. On doit d’abord avertir paternellement ceux-ci, puis, les excommunier, les déclarer déchus de l’autorité royale ; après quoi, l’exécution appartient à d’autres[1]. »
— Et qui déclare les rois déchus de l’autorité royale, et les met ainsi au ban de l’humanité ?
« — La voix publique, une assemblée de théologiens, ou l’avis d’hommes sensés[2]. »
— J’admets l’autorité royale renversée, par le meurtre ou autrement… le pouvoir ne tombera-t-il pas, soit aux mains des grands, soit aux mains des bourgeoisies, soit aux mains du populaire ?
— Oui, pour un jour… Mais si le pouvoir tombe aux mains du