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— Toute autorité émane de Dieu ; ses ministres sont de droit divin investis de toute autorité.

— Telle est donc l’œuvre à accomplir ?

— Oui, maître.

— Existe-t-il des obstacles à son établissement ?

— Il en existe d’énormes.

— Quels sont-ils ?

— Les rois, d’abord.

— Ensuite ? — reprend Loyola, — ensuite ?

— L’indocilité des bourgeoisies.

— Ensuite ?

— La nouvelle hérésie connue sous le nom de réforme.

— Ensuite ?

— L’imprimerie, ce fléau qui étend chaque jour ses ravages.

— Ensuite ?

— Les mœurs trop ouvertement scandaleuses de la majorité des ecclésiastiques.

— Enfin ?

— Souvent l’ineptie, la faiblesse ou les débordements de la papauté elle-même.

— Tels sont donc les obstacles qui s’opposent au gouvernement absolu du monde catholique par son Église ?

— Oui, maître.

— Est-il possible de triompher de ces obstacles ?

— Nous le pouvons par vous, maître, si votre esprit parle par notre bouche, si votre volonté dicte nos actes.

— À tout seigneur tout honneur… commençons par les rois. Que sont-ils au regard des papes ?

— Leurs rivaux.

— Que doivent-ils être ?

— Leurs premiers sujets.