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La voix de Brigitte, à demi montée sur l’échelle du galetas et appelant son mari avec précaution, interrompit l’inconnu ; Christian prêta l’oreille, et sa femme lui dit :

— Tiens vite, j’ai entendu Hervé sortir de sa chambre, je crois qu’il se dispose à monter chez nous ; notre porte est d’ailleurs fermée en dedans.

L’artisan fit signe à son hôte qu’il n’avait rien à craindre, et descendit en hâte l’échelle aboutissant à un cabinet obscur dont la seule issue communiquait à la chambre des deux époux.


Christian venait de fermer soigneusement la serrure du placard conduisant à l’escalier du galetas lorsque Hervé frappa doucement à l’autre porte de la chambre, Brigitte alla ouvrir et dit à son fils :

— Que veux-tu, mon enfant ?

— De grâce, vous et mon père, accordez-moi un moment d’entretien.

— Soit… — reprit l’artisan. — Mais descendons ; notre pauvre Marie-la-Catelle partage le lit de ta sœur, elle a grandement besoin de repos, notre conversation pourrait troubler son sommeil.

Le père, la mère, et le fils se rendirent dans la salle basse où avait eu lieu le pénible entretien de la veille ; à peine y furent-ils tous trois réunis qu’Hervé se jeta aux pieds de ses parents, prit leurs mains, les baisa en fondant en larmes et murmurant d’une voix étouffée :

— Pardon… pardon !…

— Béni soit Dieu ! nous ne nous étions pas trompés, — pensèrent Christian et Brigitte, en échangeant un regard de satisfaction profonde ; — ce malheureux enfant est touché de repentir…

— Mon fils, — dit l’artisan, — relève-toi.

— Non… pas avant que vous et ma mère m’ayez pardonné mon action infâme… — Et, sanglotant, il ajouta : — C’est moi… c’est moi qui ai volé les écus d’or !…