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la-Catelle, Brigitte, Hêna et son père étaient remontés à l’étage supérieur quelques moments auparavant.


Christian, après avoir gravi avec précaution l’échelle de meunier qui conduisait au galetas, y trouva l’inconnu assis sur le rebord de l’étroite fenêtre ouverte sur la rivière, la lune, alors en son décours, se levait au milieu d’un ciel diamanté d’étoiles et jetait sa pâle clarté sur l’austère visage de l’étranger. Distrait de ses pensées, il se retourna vers Christian :

— Il me semble avoir entendu quelques rumeurs du côté du pont, que s’est-il donc passé ?

— Des seigneurs en débauche ont voulu violenter une femme ; nous sommes allés à son aide quelques-uns de nos voisins, mon beau-frère et moi… Grâce à Dieu ! elle est sauve ; cette digne veuve, nommée Marie-la-Catelle, est…

— Quoi ! — dit vivement M. Jean en interrompant l’artisan, — c’est d’elle qu’il s’agit ?

— Vous la connaissez ?

— De renom seulement… Ne s’est-elle pas associée à Jean Dubourg, drapier, rue Saint-Denis, à Étienne Laforge, riche bourgeois de Tournai, et à l’architecte-maçon Poille, afin de recueillir les orphelins abandonnés ?

— Oui, monsieur ; et, de plus, elle tient une école pour les enfants pauvres, elle les élève dans la pratique de la morale évangélique.

— Ah ! je le sais, cette jeune veuve, par sa charité, par la pureté de ses principes et son dévouement à l’enfance, mérite l’affection, la reconnaissance de tous les gens de bien…

— La tâche qu’elle s’est imposée est remplie de dangers… Les moines et les religieuses de son quartier la soupçonnent (et ces soupçons sont fondés) de partager les idées, les espérances des réformés ; déjà une fois on l’a emprisonnée au Châtelet, son école a été fermée ;