Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Leurs chants de guerre (page 295).

Les Bardes faisaient, nous l’avons dit, partie de la corporation des Druides…

«… L’art — dit Jean Raynaud — n’était représenté chez les Gaulois que par les bardes ; ils avaient pour ceux-ci un attachement sans bornes… ils ne les séparaient pas des autres ministres de la religion druidique ; le don céleste de l’inspiration leur paraissait une investiture suffisante ; ils comprenaient que l’art n’est digne de celui qui en fait briller les rayons qu’à la condition d’encourager les hommes dans les efforts qui font la noblesse et la sainteté de la vie. — Les bardes, — dit Lucain, — se plaisaient à célébrer la gloire des fortes armes, et en illustrant ainsi les héros, ils allumaient dans les cœurs le désir d’imiter ces modèles, dans l’espoir d’être un jour chantés comme eux. — On a comparé les bardes à Tyrtée qui, par l’autorité de ses accents, disposait, comme un Dieu, de la victoire. — Ils se font écouter des ennemis comme de leurs amis, — dit Diodore de Sicile ; — souvent, entre les deux armées en bataille, quand les rangs marchaient déjà l’un sur l’autre, les glaives tirés, les piques en arrêt, les bardes s’avançant au milieu suspendent le combat, comme s’ils venaient tout à coup apaiser des bêtes féroces par leurs enchantements.

» Le but des bardes n’était pas de divertir, avec d’harmonieux accords, des auditeurs mollement rassemblés autour d’eux pour leur plaisir ; animés par la religion dont ils se sentaient les ministres, ils regardaient le ciel, et suivis de la multitude séduite, ils marchaient en chantant dans la voie que leur montraient les dieux. » (JEAN RAYNAUD, Druidisme.

«… Les Gaulois eurent aussi leurs Pindares et leurs Tyrtées, le talent des bardes, le talent des poètes s’exerçant à chanter en vers héroïques les actions des grands hommes, à entretenir dans le cœur des Gaulois l’amour de la gloire. » (LATOUR D’AUVERGNE, Origine gauloise, p. 168.)

« Les Gaulois pensent, — dit Nicolas de Damas, — qu’il est honteux de vivre subjugués, et que, dans toute guerre, il n’y a que deux chances pour l’homme de cœur : « VAINCRE OU PÉRIR » (NIC. DAMASC.— ap. — Strab. serm. XII.)

Un nom qu’il n’ose plus porter (page 295).

César, dans ses Commentaires, et plus tard les historiens ont pris le titre de commandement exercé par ce héros de la Gaule pour son nom propre, et, par corruption, ils l’ont écrit Vercingetorix, au lieu de ver-cinn-cedo-righ, chef-des-cent-vallées, ainsi que le fait observer M. Amédée Thierry (Hist. des Gaulois, t. III, pag. 86). Vercingetorix, natif d’Auvergne, était fils de Celtil, qui, coupable de conspiration contre la liberté de sa cité, avait expié sur le bûcher son ambition et son crime ; héritier des biens de son père, dont il rougissait de porter le nom, puisqu’on ne le trouve jamais autrement désigné dans l’histoire que par son surnom de guerre, le jeune Gaulois, devenu l’idole du peuple, voyagea beaucoup, alla à Rome et y vit César qui tâcha de se l’attacher, mais le Gaulois repoussa l’amitié de l’ennemi de sa patrie. Revenu dans son pays, il travailla secrètement à réveiller parmi les siens le sentiment de l’indépendance, et à susciter des ennemis aux Romains ; quand l’heure d’appeler le peuple aux armes fut venue, il se montra au grand jour, dans les cérémonies druidiques, dans les réunions politiques, partout enfin on le voyait, employant son éloquence, sa fortune, son crédit, en un mot, tous ses moyens d’action sur les chefs et sur la multitude, pour les amener, comme dit un historien, à revendiquer le droit de la vieille Gaule. (AMÉDÉE THIERRY, Hist. des Gaules.)



fin des notes du premier volume