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damné, ou du bourreau de nos jours, du mercenaire sans entrailles et sans foi, saisissant brutalement le criminel pour l’égorger sur un tréteau en forme de démonstration de police. ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« En outre des sacrifices volontaires et expiatoires, les druides, quelques siècles avant César, dévouaient parfois à leur dieu, de même que les Hébreux, les ennemis de leur nationalité. Après la victoire, sur le lieu même de la lutte, ils en faisaient des holocaustes ; la formule de l’anathème était presque semblable à celle employée par les Hébreux, et en lisant les exterminations dans le Chanaan, on pourrait se croire avec les Gaulois des temps les plus reculés : hommes et animaux, le sacrifice embrassait tout ; l’incendie du butin accompagnait, comme un encens, l’offrande du sang. Que l’on compare la prise d’Amalec ou de Jéricho avec quelque holocauste gaulois : — Ils tuèrent, dit JOSUÉ, tout ce qui était dans la ville, depuis l’homme jusqu’à la femme, depuis l’enfant jusqu’au vieillard ; ils frappèrent avec le glaive les bœufs, les ânes et les moutons ; ils incendièrent la ville et tout ce qu’elle contenait. »

Certes, il faut déplorer ces barbaries des âges primitifs, qui toujours, d’ailleurs, allèrent en s’affaiblissant dans la religion druidique ; mais nos livres saints, l’Ancien Testament, les Prophètes, etc., etc., dont la source est, dit-on, divine, fourmillent de barbaries, d’atrocités plus épouvantables encore, et ils n’offrent pas une idée d’une aussi consolante sublimité que cette PERPÉTUITÉ DE LA VIE, base fondamentale du druidisme. »


Les pierres sacrées de Karnak (page 240).

La forêt de Karnak, maintenant détruite, s’étendait alors presque jusqu’au bord de la mer ; quant aux pierres druidiques qui existent encore de nos jours (en 1850), voici la description qu’en donnait un écrivain du siècle passé. (Ogée, Dictionnaire de la Bretagne, t. I, p. 161. On peut voir aussi, Voyage pittoresque dans l’ancienne France, par M. Taylor. — Bretagne, t. I.)

Carnac, sur la côte, à cinq lieues et demie à l’ouest-sud-ouest de Vannes, son évêché, à vingt-cinq lieues et demie de Rennes et deux lieues et demie d'Auray, sa subdélegation et son ressort.

Sur la côte, au sud du Morbihan, tout auprès du bourg de Carnac, sont ces pierres étonnantes dont les antiquaires ont tant parlé ; elles occupent le terrain le plus élevé en face de la mer, depuis ce bourg jusqu’au bras de mer de la Trinité, dans une longueur de six cent-soixante-dix toises ; elles sont plantées en quinconce comme des allées d’arbres, et forment des espèces de rues tirées au cordeau. La première de ces rues, en les prenant du côté de Karnac, a six toises de largeur ; la seconde cinq toises trois pieds ; la troisième six toises ; la quatrième six toises deux pieds ; la cinquième et la sixième cinq toises chacune ; la septième trois toises trois pieds ; la huitième trois toises quatre pieds ; la neuvième quatre toises, et la dixième deux toises ; ce qui fait en largeur totale quarante-sept toises. Ces pierres sont de grosseurs différentes et plantées à dix-huit, vingt, vingt-cinq pieds les unes des autres ; il y en a qui ne sont pas plus grosses que des bornes ordinaires ; mais en revanche il s’en voit, surtout à l’extrémité des rangs, qu’on ne peut considérer sans étonnement. Elles sont hautes de seize, dix-huit et même cinquante pieds ; quelques-unes sont d’une masse si prodigieuse, qu’elles doivent peser plus de quatre-vingt milliers. Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que la plus grande grosseur est en haut et la moindre en bas, de sorte qu’il en est plusieurs qui sont portées comme sur un pivot ; elles sont brutes, telles qu’on les a tirées du rocher. On en remarque seulement quelques-unes qui ont un caractère aplati, et l’on a affecté de tourner ce côté de manière qu’il fait face aux rues.


Dont les corps allaient se dissoudre en une flamme brillante (page 242).

Les Gaulois, comme les Grecs, brûlaient les morts ; ils préféraient avec raison cette vo-