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Nous cherchons les préceptes les plus simples (page 233).

Diogène Laërte cite ces belles maximes, empruntées à la philosophie druidique : — Obéir aux lois de Dieu. — Faire le bien de l’homme. — Supporter avec courage les accidents de la vie.

Les astres dont nous étudions la marche (page 233).

« L’astronomie préoccupait assez la Gaule pour qu’il soit permis de penser qu’elle y formait aussi, parmi les druides, une classe particulière de savants ; pendant que les uns s’efforçaient, suivant Ammien Marcellin, de découvrir les enchaînements et les sublimités de la nature terrestre, d’autres s’appliquaient aux mêmes travaux pour la nature céleste. Ce qui est certain, c’est que les plus savants des druides avaient su se poser les problèmes fondamentaux de l’histoire géométrique du ciel ; ils faisaient profession de connaître, comme on le voit dans César et dans Nicla, les dimensions de la terre, ainsi que sa forme, la grandeur et la disposition du ciel, les mouvements des astres… Que l’on compare sur le système du monde le langage des bardes (une des classes des druides) et des pères de l’Église au sixième siècle, c’est la science à côté de l’ignorance. Que l’on réfléchisse seulement à ce que suppose de science ce simple passage du Chant du monde, par Talyessin :

« Je demanderai aux bardes du monde : — Pourquoi les bardes ne me répondraient-ils pas ? — Je leur demanderai qui est-ce qui soutient le monde ? pour que, privé de supports, il ne retombe pas ! — Et s’il tombe ? quel chemin suit-il ? — Mais qui pourrait lui servir de support ? — Quel grand voyageur est le monde ! — Tandis qu’il glisse sans repos, il demeure tranquille dans son orbite.— Et combien la forme de cette orbite est admirable pour que le monde ne tombe dans aucune direction !

» Qui ne sent frémir ici ce grand courant duquel était sorti Pythagore, et qui en reparaissant devait produire Kepler et toutes les explorations modernes des étoiles ?

» L’attention des druides s’était surtout attachée à la lune. On sait, par le témoignage d’Héraclée, qu’ils s’étaient aperçus (probablement par la considération des dentelures) de l’existence des montagnes lunaires, qui fournit à l’astronomie un principe si riche en inductions ; aussi peut-on avoir quelque soupçon des idées que leur dogme favori de la continuité de la vie avait dû leur inspirer touchant les perspectives les plus profondes de l’astronomie. » (Jean Raynaud, Encyclopédie nouvelle, DRUIDISME.)


Les druides l’ont condamnés à mourir (page 234).

Les sacrifices humains, si calomnieusement reprochés aux druides, se composaient d’exécutions juridiques et de sacrifices volontaires. Quant à ceux-ci, les chrétiens ne sauraient en contester les grandeurs : le Christ en croix, offrant à Dieu le Père son sang pour la rédemption du monde, est le type parfait du sacrifice volontaire.

« Le jugement des meurtres, dit Strabon, est spécialement attribué aux druides. » Diodore de Sicile ajoute : « Après avoir retenu les criminels en prison, les druides les attachent à des potences en l’honneur des dieux, ou les placent avec d’autres offrandes sur des bûchers. » César dit enfin : « Les druides sont persuadés que les supplices les plus agréables aux dieux sont ceux des criminels saisis dans le vol, le brigandage ou autres forfaits. »

Citons enfin ces éloquentes paroles de Jean Raynaud :

« En définitive, la principale différence des exécutions druidiques et des nôtres venait de ce qu’alors la religion se trouvait d’accord avec la loi civile pour les ordonner. Sans approuver, sur ce point, la loi de nos pères, puisque c’est une sorte de lâcheté de se défaire des criminels au lieu de les corriger, je ne serais pas embarrassé pour dire quel est des deux spectacles le plus abominable, ou du druide rendant lui-même à Dieu, comme une hostie expiatoire, au milieu d’une assemblée en prière, le criminel con-