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conseil suprême des femmes gauloises. » (Plutarque, cité par Sainte-Foy, Essais sur Paris.)


CHAPITRE VIII.

Nous allons revivre ailleurs… voilà tout (page 92).

Nous avons supposé, chose moins étrange qu’elle ne le paraît, puisque la religion juive, non moins ancienne que la religion druidique, a encore ses croyants, nous avons supposé M. Lebrenn et sa famille fidèles par tradition au dogme de l’éternité de l’existence physique, si admirablement formulé par les druides des Gaules. Bien des siècles avant l’apparition du christianisme, on verra dans le courant de ces récits les prodiges opérés par cette foi dans la continuité et la perpétuité de l’existence. Nous citerons seulement ici un extrait du magnifique travail de notre excellent et illustre ami Jean Raynaud sur les druides (Encyclopédie nouvelle, article druidisme).

«…… Telle était dans son essence la doctrine des druides, et voilà pourquoi ceux qui la partageaient se trouvaient aussi délivrés que possible du mal de la mort. L’homme détaché des organes dont il s’était servi durant la période terrestre ne devenait point une ombre comme dans le dogme du paganisme et de l’Église romaine, l’âme reprenait aussitôt possession d’une nouvelle enveloppe, et sans entrer dans le fabuleux empire de Pluton, ni dans celui de Satan, pas plus que dans les mystiques rayons de l’empirée, elle allait tout simplement chercher sa résidence sur un autre astre que celui-ci. Ainsi, la mort en réalité ne formait qu’un point de division dans une série d’existences périodiques. C’est ce que décident les vers de Lucain, dans la brièveté desquels sont amassées tant de lumières. Selon vous (dit-il en s’adressant aux druides), les ombres ne se rendent pas dans les domaines silencieux de l’Erèbe et dans les pâles royaumes de Pluton ; le même esprit régit dans un autre monde d’autres membres. La mort, si ce que contiennent vos hymnes est certain, n’est qu’un milieu dans une longue vie.

» Que Lucain a bien raison d’ajouter que les Gaulois étaient heureux d’une telle foi ! Aussi ne faut-il pas s’étonner si le dogme de l’immortalité formait le point capital de leur religion ; il en était le plus achevé, et par conséquent le plus fructueux. Rien n’était donc plus juste que de le proposer au peuple comme la plus précieuse leçon. Aussi les historiens sont-ils d’accord pour constater la prédilection des druides en faveur de cette croyance, qui est en effet la plus caractéristique du génie de la Gaule. Pompilius Mela dit que c’était le seul dogme qui fût populaire. César, qui le considère au point de vue du soldat, c’est-à-dire dans ses effets sur la guerre, assure de même qu’il n’y avait rien à quoi les druides tinssent davantage. — En premier lieu (dit César), les druides veulent persuader que les âmes ne périssent pas, et qu’après elles passent de l’un à l’autre ; et ils pensent que cela excite puissamment les hommes au courage, en leur faisant négliger la crainte de la mort.— Ainsi, on disait à un Gaulois : — Que crains-tu ?Je ne crains qu’une chose, c’est que le ciel ne tombe, — répondit-il


CHAPITRE X.

Georges ne se doutait pas du dévouement de la pauvre créature (page 111).

Ces traits de courage, dignes de nos mères, sont justifiés par la mort héroïque de deux belles jeunes filles de dix-huit ans, qui, coiffées en cheveux, les bras nus, se tenaient debout sur une barricade, voisine de la rue Saint-Denis, au mois de juin 1848.


CHAPITRE XI.

Nos frères, exaspérés par d’atroces déceptions (page 134).

Plus que personne nous avons déploré la funeste insurrection de juin, le sang qu’elle