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meurtres, des adultères et d’autres excès. » Grégoire de Tours, Histoire des Francs, l. V, ch. XXI.)

Certes, l’évêque de Tours ne peut être soupçonné de partialité envers ses confrères de l’épiscopat.


CHAPITRE III.

(A) Nous empruntons les chiffres et les réflexions suivantes à un écrit de notre excellent ami, M. Perreymond, dont nous ne le louerons jamais assez les beaux et les grands travaux. Il est impossible de joindre plus de science pratique et plus de profondeur de vues à une conviction plus généreuse dans l’avenir de la cause démocratique et sociale. (Aux commerçants : la faillite et le morbus numériens.)

« À Paris, pendant les dix dernières années du règne de Louis-Philippe, années de prospérité, dit-on, le nombre des procès et des faillites augmenta continuellement ; en voici la progression :

Tribunal de commerce de Paris.
En 1836, il y a eu 26,545 causes et 329 faillites
1839 47,077 788
1845 46,064 691
1846 54,878 931
1847 59,560 1,139

» C’est-à-dire une augmentation en dix ans de 30,000 causes et de 810 faillites.

» L’ensemble du passif a été, en 1845-46, de 48,342,529

1846-47, de 68,474,803

» La moyenne du passif, par faillite, de 51,000 fr. »

Or, le nombre des faillites et l’ensemble des passifs augmentant chaque année, voici comment M. le président du tribunal de commerce, Bertrand, en explique les causes pour les années 1845-46 et 1846-47 ; nous citons :

« (1845-46) Parmi les causes habituelles, déjà signalées par nos prédécesseurs, telles que la concurrence illimitée, l’exagération des dépenses de premier établissement, il fallait placer aussi comme cause accidentelle et malheureusement trop évidente les séductions de l’agiotage sur les actions de chemin de fer, auxquelles se sont laissé entraîner beaucoup de petits commerçants par l’appât d’un gain qu’ils n’avaient pas, comme d’autres spéculateurs plus grands et plus habiles, le talent de rendre facile et sûr.

» C’est surtout pour les petits commerçants que la cherté des subsistances, la rareté du numéraire, l’élévation du taux de l’escompte et le retrait des facilités du crédit, ont dû avoir les plus fâcheux résultats.

» (1846-47) Les sinistres éprouvés par le commerce de Paris peuvent être attribués à des causes différentes : d’abord les spéculations hasardeuses, celles conçues dans des proportions déraisonnables ; les craintes des capitalistes qui ont fermé aux petits fabricants, aux modestes industriels, les sources pécuniaires auxquelles ils avaient l’habitude de puiser et dont la suppression a déterminé la chute… »

Ainsi, de l’aveu même des hommes recommandables que les commerçants de Paris choisissent pour présider leur tribunal, le commerce de la capitale se trouve sous le coup :

De la concurrence illimitée ;

De la chicane ;

Des séductions de l’agiotage ;

Du jeu sur les actions industrielles, plaie de notre époque ;