riers, tous, bien longtemps avant cette révolution, s’appelaient également Français, avaient également la France pour patrie. Treize siècles se sont employés parmi nous à fondre dans une même nation la race conquérante et la race conquise, les vainqueurs et les vaincus ; mais la division primitive a traversé le cours des siècles et a résisté à leur action ; la lutte a continué dans tous les âges, sous toutes les formes, avec toutes les armes ; et lorsqu’en 1789, les députés de la France entière ont été réunis dans une seule assemblée, les deux peuples se sont hâtés de reprendre leur vieille querelle. Le jour de la vider était enfin venu. » (Guizot, Du Gouvernement de la France depuis la restauration, et du ministère actuel, 1829.)
Ce véhément appel aux souvenirs révolutionnaires avait pour but de prouver que, malgré la révolution de 89, la monarchie légitime de 1815 voulait, en 1829, renouveler l’oppression des conquérants sur les conquis, des Francs sur les Gaulois ; car M. Guizot terminait en ces termes, en s’adressant aux contre-révolutionnaires :
« On sait d’où vous venez… c’en est assez pour savoir où vous allez… »
Or, aujourd’hui 5 août 1849, jour où nous écrivons ces lignes, le parti prêtre et légitimiste espère encore nous traiter en peuple conquis en nous inféodant de nouveau au dernier rejeton de cette royauté de race franque, prétendue de droit divin. C’est curieux, après les notes que nous venons de citer. — Nous laisserons-nous faire ?
(C) Les druides (ministres de l’antique et sublime religion gauloise) ont, au contraire, avec un héroïsme admirable, lutté pendant des siècles contre les Romains, contre les Francs et contre le clergé catholique, pour reconquérir l’indépendance et la nationalité de la Gaule, soulevant les populations contre l’étranger et expiant leur patriotisme dans les tortures, tandis que le haut clergé catholique, allié des rois et seigneurs francs qu’il captait par la ruse et par des flatteries infâmes, regorgeait de richesses.
Ainsi Grégoire, évêque de Tours, le seul historien des rois de la première race, dit de Clovis, ce premier roi de droit divin :
« Ayant encore fait périr plusieurs autres rois, et même ses plus proches parents, Clovis étendit son pouvoir sur toutes les Gaules. Cependant ayant un jour rassemblé les siens, on rapporte qu’il leur parla ainsi des parents qu’il avait fait lui-même périr : — Malheur à moi qui suis resté comme un voyageur parmi des voyageurs et qui n’ai plus de parents qui puissent, en cas d’adversité, me prêter leur appui ! — Ce n’était pas qu’il s’affligeât de leur mort, — ajoute l’évêque de Tours ; — mais il parlait ainsi par ruse et pour découvrir s’il lui restait encore quelqu’un à tuer. » (Grégoire de Tours, Histoire des Francs, l. II, ch. XIII.)
Croit-on que le prêtre chrétien, le serviteur du Christ, l’évêque gaulois flétrisse cette épouvantable hypocrisie du roi franc conquérant, souillé de vols, de meurtres, d’incestes, de fratricides, comme tous ceux de cette première race ? On va le voir :
« Chaque jour Dieu faisait ainsi tomber les ennemis de Clovis sous sa main et étendait son royaume, parce qu’il marchait avec un cœur pur devant lui, et faisait ce qui était agréable aux yeux de Dieu. » (Grégoire de Tours, Histoire des Francs, l. II, ch. XL.)
Quant aux débauches et aux crimes d’un grand nombre d’évêques gaulois, nous citerons au hasard, car la mine est féconde :
« Cependant Tautin, devenu évêque, se conduisait de manière à mériter l’exécration générale. » (Grégoire de Tours, Histoire des Francs, l. IV, ch. XII.)
«… Ceux de Langres demandèrent un évêque ; on leur donna Pappol, autrefois archidiacre d’Autun. Au rapport de plusieurs, il commit beaucoup d’iniquités. » (Grégoire de Tours, l. V.)
«… Salone et Sagiltaire, évêques d’Embrun et de Gap, une fois maîtres de l’épiscopat, commencèrent à se signaler, avec une fureur insensée, par des usurpations, des