passage, afin de retrouver son poignard ou de fuir… mais de ces ténèbres… elle vit sortir César…
Saisie d’effroi, la Gauloise recula de quelques pas. César avança d’autant, et l’esclave disparut par l’ouverture, aussitôt refermée. À la démarche incertaine du Romain, au feu de ses regards, à l’animation qui empourprait ses joues, Méroë s’aperçut qu’il était ivre à demi, elle eut moins de frayeur. Il tenait à la main un coffret de bois précieux ; après avoir silencieusement contemplé la jeune femme avec une telle effronterie qu’elle sentit de nouveau la rougeur de la honte lui monter au front, le Romain tira du coffret un riche collier d’or ciselé, l’approcha de la lumière de la lampe comme pour le faire mieux briller aux yeux de celle qu’il voulait tenter ; puis, simulant un respect ironique, il se baissa, déposa le collier aux pieds de la Gauloise, et se releva, l’interrogeant d’un regard audacieux.
Méroë, debout, les bras croisés sur sa poitrine soulevée par l’indignation et le mépris, regarda fièrement César, et repoussa le collier du bout du pied.
Le Romain fit un geste de surprise insultante, se mit à rire d’un air de dédaigneuse confiance, choisit dans le coffret un magnifique réseau d’or pour la coiffure tout incrusté d’escarboucles, et après l’avoir fait scintiller à la clarté de la lampe, il le déposa encore aux pieds de Méroë, en redoublant de respect ironique, puis, se relevant, sembla lui dire :
— Cette fois je suis certain de mon triomphe.
Méroë, pâle de colère, sourit de dédain.
Alors César versa aux pieds de la jeune femme tout le contenu du coffret… Ce fut comme une pluie d’or, de perles et de pierreries, colliers, ceintures, pendants d’oreilles, bracelets, bijoux de toutes sortes.
Méroë cette fois ne repoussa pas du pied ces richesses, mais autant qu’elle le put elle les broya sous le talon de sa bottine, et d’un regard arrêta l’infâme débauché qui s’avançait vers elle les bras ouverts…