Dès que la Mauresque eut mis le pied dans la tente, elle se jeta à genoux et tendit ses mains jointes vers la compagne d’Albinik, qui, touchée de ce geste suppliant, et de la douleur empreinte sur les traits de l’esclave, ne ressentit ni défiance, ni crainte, mais une compassion, mêlée de curiosité, et déposa son poignard au chevet du lit. La jeune Mauresque s’avançait comme en rampant sur ses genoux, les deux mains toujours tendues vers Méroë, penchée vers la suppliante avec pitié, afin de la relever ; mais l’esclave s’étant ainsi approchée du lit où était le poignard, se releva d’un bond, sauta sur l’arme, qu’elle n’avait pas sans doute perdue de vue depuis son entrée dans la tente, et avant que, dans sa stupeur, la compagne d’Albinik eût pu s’y opposer, son poignard fut lancé à travers les ténèbres que l’on voyait au dehors.
À l’éclat de rire sauvage poussé par la Mauresque lorsqu’elle eut ainsi désarmé Méroë, celle-ci se vit trahie, courut vers le ténébreux