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blanc, que serrait sa ceinture de cuir brodé, à laquelle pendait un long couteau ; son manteau de laine brune à capuchon s’agrafait sur son épaule gauche ; une couronne de chêne ornait son front mâle. Il tenait à la main un bouquet de verveine ; sa figure était hardie, sereine. À peine fut-il monté sur le bûcher, que les harpes, les cymbales, retentirent, et le barde chanta ainsi :


« — Quel est celui-ci ? C’est un brave. — C’est Julyan, le laboureur ; — Julyan, de la famille de Joel, le brenn de la tribu de Karnak ! — Il craint les dieux, et chacun l’aime ; il est bon, il est laborieux, il est hardi. — Il a tué Armel, non par haine, il le chérissait, mais il l’a tué par outre-vaillance, en combat loyal, le bouclier au bras, le sabre au poing, en vrai Gaulois breton, qui aime à montrer sa bravoure et ne craint pas la mort. — Armel parti, Julyan, qui lui avait juré sa foi de saldune, veut aller retrouver son ami… — Gloire à Julyan, fidèle aux enseignements des druides ; il sait que les créatures du Tout-Puissant ne meurent jamais… et son pur et noble sang, Julyan l’offre à Hésus ! — Gloire, espérance, bonheur à Julyan ! il a été bon, juste et brave… il va renaître plus heureux, plus juste, plus brave ; et toujours ainsi… toujours, de monde en monde, Julyan renaîtra… son âme revêtant à chaque vie nouvelle un corps nouveau, de même que le corps revêt ici des vêtements nouveaux.


» Oh ! Gaulois ! fières âmes ! pour qui la mort n’existe pas ! venez, venez !  !  ! détachez vos regards de la terre… élevez-vous dans les sublimités du ciel ! — Voyez, voyez à vos pieds les abîmes de l’espace, sillonnés par ces cortèges d’immortels, comme nous le sommes tous, que Teutâtès guide incessamment du monde où ils ont vécu dans les mondes où ils vont revivre. — Oh ! que de contrées inconnues merveilleuses, à parcourir ! avec les amis, les parents qui nous ont devancés, et avec ceux que nous aurons précédés !