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— Hêna prie son père de garder ce rouleau pour l’amitié d’elle, il y trouvera ses plus chères pensées…

Détachant ensuite de son bras ses deux bracelets de grenat, Hêna dit à la femme de son frère Guilhern, le laboureur :

— Hêna prie sa sœur Hénory de porter ce bracelet par amitié.

Donnant ensuite l’autre bracelet à son frère, le marin, elle lui dit :

— Ta femme Méroë, que j’aime tant pour son courage et son noble cœur, gardera ce bracelet en souvenir de moi.

Détachant ensuite de sa ceinture d’airain la petite faucille et le croissant d’or qui y étaient suspendus, Hêna offrit la première à Guilhern, le laboureur, le second à Albinik, le marin ; puis, ôtant de son doigt un anneau, elle le remit à Mikaël, l’armurier, et leur dit à tous trois :

— Que mes frères gardent ceci par amitié pour leur sœur Hêna.

Tous restaient là, bien étonnés, tenant à la main ce que la vierge de l’île de Sên venait de leur offrir… Tous restaient là, si étonnés, que, ne trouvant pas une parole, ils se regardaient inquiets, comme si un malheur inconnu les eût menacés. Alors Hêna se tourna vers Rabouzigued :

— Rabouzigued, je vais maintenant t’apprendre quel sera le troisième sacrifice de ce soir.

Et elle prit doucement par la main Joel et Margarid, qui la suivirent, revint avec eux dans la grande salle, et leur dit :

— Mon père et ma mère savent que le sang d’un lâche meurtrier est une offrande expiatoire agréable à Hésus, et qui peut l’apaiser…

— Oui… tout à l’heure tu nous as dit cela, chère fille.

— Ils savent aussi que le sang d’un brave, mourant pour la foi de l’amitié, est une valeureuse offrande à Hésus, et qui peut l’apaiser.

— Oui… tout à l’heure tu nous as dit cela.

— Mon père et ma mère savent enfin qu’il est surtout une of-