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pays sera asservi, le chef des cent vallées aura vu couler la dernière goutte de son généreux sang ! Puisse le courroux de Hésus nous épargner ce terrible jour !…

— Hélas ! ma fille… si Hésus est irrité… par quels moyens l’apaiser ?

— En suivant sa loi, car il a dit : — Tous les hommes sont fils d’un même Dieu… — et aussi en offrant à Hésus des sacrifices humains… Puissent ceux de cette nuit calmer sa colère !…

— Les sacrifices de cette nuit ! — demanda le brenn. — Lesquels ?

— Mon père et ma mère ne savent-ils pas que cette nuit, à l’heure où la lune se lèvera, il y aura trois sacrifices humains aux pierres de la forêt de Karnak ?

— Nous savons, — reprit Joel, — que toutes les tribus sont appelées pour se rendre ce soir à la forêt de Karnak ; mais quels sont ces sacrifices qui doivent être agréables à Hésus, fille chérie ?

— D’abord celui de Daoülas, le meurtrier ; il a tué Hoüarné sans combat pendant son sommeil… Les druides l’ont condamné à mourir ce soir. Le sang d’un lâche meurtrier est une expiation agréable à Hésus.

— Et le second sacrifice ?

— Notre parent Julyan veut aller, par amitié jurée, rejoindre Armel, qu’il a loyalement tué par outre-vaillance… Ce soir, glorifié par le chant des bardes, il ira, selon son vœu, retrouver Armel dans les mondes inconnus. Le sang qu’un brave offre volontairement à Hésus… lui est agréable.

— Et le troisième sacrifice, fille chérie ? — dit Mamm’Margarid, — le troisième sacrifice, quel est-il ?

Hêna ne répondit pas… Elle appuya sa tête blonde et charmante sur les genoux de Margarid, rêva pendant quelques instants, baisa les mains de sa mère, et lui dit avec un doux sourire de remémorance :

— Combien de fois la petite Hêna, quand elle était enfant, s’est