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— Non ; elles sont noires et évasées, souvent ornées de fils d’or ou d’argent.

— Et les boucliers, — demanda Guilhern, — sont-ils faits comme les nôtres ?

— Ils sont plus longs, — répondit le voyageur ; — mais ils sont peints de couleurs tranchantes, disposées en carreaux, ordinairement rouges et blancs.

— Et les mariages, comment se font-ils ? — demanda une jeune fille.

— Et leurs troupeaux, sont-ils aussi beaux que les nôtres ? — dit un vieillard.

— Et ont-ils comme nous de vaillants coqs de combat ? — demanda un enfant.

De sorte que Joel, voyant l’étranger si fort accablé de questions, dit aux questionneurs :

— Assez, assez, vous autres… laissez donc souffler notre ami ; vous êtes à crier autour de lui comme une volée de mouettes.

— Et payent-ils comme nous l’argent qu’ils doivent aux morts ? — demanda Rabouzigued, malgré la recommandation de Joel de ne plus questionner l’étranger.

— Oui ; leur coutume est la nôtre, — répondit l’inconnu, — et ils ne sont pas idolâtres comme un homme de l’Asie, que j’ai rencontré à Marseille, qui prétendait, selon sa religion, que nous continuons de vivre après notre mort, non plus revêtus de formes humaines, mais de formes d’animaux.

— Hèr !… hèr !… — cria Rabouzigued en grande inquiétude. — S’il en était ainsi que disent ces idolâtres, Daoülas, tué la lune passée par un meurtrier, habite peut-être le corps d’un poisson ?… et je lui ai envoyé trois pièces d’argent par Armel, qui habite peut-être à cette heure le corps d’un oiseau ?… Comment un oiseau pourra-t-il remettre des pièces d’argent à un poisson ?… Hèr !… Hèr !…

— Notre ami te dit que cette croyance est une idolâtrie, Rabouzigued… — reprit sévèrement Joel. — Ta crainte est donc impie.