amis, — ajouta le marchand en souriant, — il en est de cette brave Gaule comme de ces femmes héroïques qui s’illustrent sous le nom de leur mari… quoique le mariage de la Gaule avec le Franc ait été singulièrement forcé.
— Je comprends cela, père, — dit Velléda souriant aussi. — De même que beaucoup de femmes signent leur nom de famille à côté de celui qu’elles tiennent de leur mari, toutes les admirables choses accomplies par notre héroïne, sous un nom qui n’était pas le sien, doivent être signées : France, née Gaule…
— Rien de plus juste que cette comparaison, — ajouta madame Lebrenn. — Notre nom a pu changer, notre race est restée notre race… — Maintenant, — reprit M. Lebrenn avec émotion. — vous êtes initiés à la tradition de famille qui a fondé nos archives plébéiennes ; vous prenez l’engagement solennel de les continuer, et d’engager vos enfants à les continuer ?… Toi, mon fils, et toi, ma fille, à défaut de lui, vous me jurez d’écrire avec sincérité vos faits et vos actes, justes ou injustes, louables ou mauvais, afin qu’au jour où vous quitterez cette existence pour une autre, ce récit de votre vie vienne augmenter cette chronique de famille, et que l’inexorable justice de nos descendants estime ou mésestime notre mémoire selon que nous aurons mérité…
— Oui, père… nous te le jurons !…
— Eh bien, Sacrovir, aujourd’hui que tu as accompli ta vingt-et-unième année, tu peux, selon notre tradition, lire ces manuscrits… Cette lecture, nous la ferons dès aujourd’hui, chaque soir, en commun ; et pour que Georges puisse y participer, nous la traduirons en français.
Et ce même soir, M. Lebrenn, sa femme, sa fille et Georges s’étant réunis, Sacrovir Lebrenn commença ainsi la lecture du premier manuscrit, intitulé :