Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mort… Mais tout en glorifiant pieusement le passé, continuons, selon le mouvement de l’humanité, de marcher vers l’avenir… N’oublions pas qu’un nouveau monde avait commencé avec le christianisme… Sans doute son divin esprit de fraternité, d’égalité, de liberté, a été outrageusement renié, refoulé, persécuté, dès les premiers siècles, par la plupart des évêques catholiques, possesseurs d’esclaves et de serfs, gorgés de richesses subtilisées aux Francs conquérants, en retour de l’absolution de leurs crimes abominables, que leur vendait le haut clergé… Sans doute, nos pères esclaves, voyant la parole évangélique étouffée, impuissante à les affranchir, ont fait, comme on dit, leurs affaires eux-mêmes, se sont soulevés en armes contre la tyrannie des conquérants, et presque toujours, ainsi que vous allez en avoir la preuve, là où le sermon avait échoué, l’insurrection obtenait des concessions durables, selon ce sage axiome de tous les temps : Aide-toi… le ciel t’aidera… Mais enfin, malgré l’Église catholique, apostolique et romaine, le souffle chrétien a passé sur le monde ; il le pénètre de plus en plus de cette chaleur douce et tendre, dont manquait, dans sa sublimité, la foi druidique de nos aïeux, qui, ainsi rajeunie, complétée, doit prendre une sève nouvelle… Sans doute encore il a été cruel pour nous, conquis, de perdre jusqu’au nom de notre nationalité, de voir imposer à cette antique et illustre Gaule le nom de France, par une horde de conquérants féroces… Aussi, chose remarquable, lors de notre première révolution la réaction contre les souvenirs de la conquête et de ces rois de prétendu droit divin, fut si profondément nationale, que des citoyens ont maudit jusqu’au nom Français, trouvant (et c’était à un certain point de vue aussi logique que patriotique), trouvant odieux et stupide de conserver ce nom au jour de la victoire et après quatorze siècles de lutte contre ces rois et cette race étrangère qui nous l’avaient infligé comme le stigmate de la conquête !…

Voici, mes enfants, une pétition adressée au directoire du département de Paris :