nuité de la vie. Armand Barbès, l’un des plus vaillants soldats de la démocratie, aujourd’hui prisonnier comme tant d’autres de nos frères, attendait avec une religieuse sérénité d’âme l’heure de son exécution, et cette sérénité, il la puisait dans sa foi à la perpétuité de la vie, point fondamental de notre croyance. Je ne puis faire mieux, mes amis, que de vous citer une page écrite par Armand Barbès, page dédiée à la mémoire de Godefroid Cavaignac, et intitulée : Deux jours d’une condamnation à mort :
«… C’était le 12 juillet 1839, la Cour des Pairs, après quatre jours de délibération, venait de me notifier son arrêt. Suivant l’usage, c’était le greffier en chef qui me l’avait apporté, et l’honorable M. Cauchy crut devoir ajouter à son message une petite réclame en faveur de la religion catholique, apostolique et romaine. Je lui répondis que j’avais en effet ma religion, que je croyais en Dieu ; mais que ce n’était pas une raison pour que j’eusse, quoi que ce soit, à faire des consolations d’un prêtre ; qu’il voulût donc bien aller dire à ses maîtres que j’étais prêt à mourir, et que je leur souhaitais d’avoir à leur dernière heure l’âme aussi tranquille que l’était la mienne en ce moment. »
Armand Barbès dit ensuite comment, spiritualiste par instinct, et ramené par l’approche de son heure dernière à un ordre de pensées élevées, il se rappela, avec une touchante reconnaissance, à quelle source il avait puisé cette tranquillité suprême en face de la mort, et il poursuit ainsi :
«… Un jour je lus, dans l’Encyclopédie nouvelle, le magnifique article Ciel, par Jean Raynaud. Sans parler des raisons péremptoires par lesquelles il détruit en passant le ciel et l’enfer des catholiques, sa capitale idée (telle que l’enseignait la foi druidique), de faire découler de la loi du progrès la série infinie de nos vies, progressant continuement dans des mondes qui y gravitaient eux-mêmes de plus en plus vers Dieu, me parut satisfaire à la fois nos aspirations multiples. Sens moral, imagination, désirs, tout n’y