Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gard chercha Georges, qui ne se doutait pas du dévouement de la pauvre créature.

Le père Bribri, voyant la jeune fille blessée, déposa son mousqueton, courut à elle et la souleva. Il cherchait des yeux où la mettre à l’abri, lorsqu’il aperçut, à la porte du magasin de toile, madame Lebrenn et sa fille. Elles venaient de descendre du premier étage, et s’occupaient, avec Gildas et Jeanike, d’organiser une ambulance dans la boutique.

Gildas commençait à s’habituer au feu. Il aida le père Bribri à transporter Pradeline mourante dans l’arrière-magasin, où madame Lebrenn et sa fille lui donnèrent les premiers soins.

Le chiffonnier sortait de la boutique, lorsqu’il vit rouler à ses pieds un frêle petit corps vêtu d’un pantalon garance et d’un bourgeron bleu en lambeaux, trempé de sang.

— Ah ! pauvre Flamèche ! — s’écria le vieillard en courant auprès de l’enfant, qu’il essaya de relever en lui disant : — Tu es blessé ?… Ça ne sera rien… Courage…

— Je suis flambé, père Bribri !… — répondit l’enfant d’une voix éteinte. — C’est dommage… je n’irai pas… pêcher de poissons rouges dans le… bassin… des…

Et il expira.

Une grosse larme roula sur la barbe hérissée du chiffonnier.

— Pauvre petit b… ! il n’était pas méchant, — dit le père Bribri en soupirant. — Il meurt comme il a vécu, sur le pavé de Paris !

Telle fut la fin et l’oraison funèbre de Flamèche.

Au moment où le pauvre enfant trépassait, le grand-père de Georges, malgré sa faiblesse, descendait de chez lui, accourant à la barricade. Du haut de sa fenêtre, ses munitions mobilières et immobilières épuisées, il avait suivi les péripéties du combat, et vu tomber son petit-fils. Il le cherchait parmi les morts et les blessés, en l’appelant d’une voix déchirante.

La résistance des défenseurs de la barricade fut si opiniâtre, que