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Les défenseurs de la barricade regardant la jeune fille avec surprise, lui avaient dit, tandis qu’elle tâchait de se frayer un passage parmi eux pour arriver jusqu’à Georges :

— Ne restez pas là, mon enfant, c’est trop dangereux.

— Vous, ici ! — s’écria Georges, stupéfait à l’aspect de Pradeline.

— Georges ! Écoutez-moi ! — lui répondit-elle d’une voix suppliante. — Hier, je suis allée chez vous deux fois dans la journée, sans pouvoir vous trouver… Je vous ai écrit que je reviendrais ce matin… J’ai traversé pour cela plusieurs barricades ; et…

— Retirez-vous ! — s’écria Georges alarmé pour elle. — Vous allez vous faire tuer… Votre place n’est pas ici…

— Georges ! je viens vous rendre un service… Je…

Pradeline ne put achever. M. Lebrenn, qui avait en vain parlementé avec un capitaine de la garde municipale, se retourna et s’écria :

— Ils veulent la guerre !… Eh bien ! la guerre !… Attendez leur feu… et alors ripostez…

La garde municipale tira ; les insurgés ripostèrent, et bientôt un nuage de fumée plana sur la barricade. On tira des fenêtres voisines, on tira des soupiraux de caves ; on put même voir à la croisée de sa mansarde le vieux grand-père de Georges Duchêne effectuer, faute d’armes et de munitions, une espèce de déménagement à grande volée sur les municipaux assaillant la barricade, où se battait le petit-fils du vieillard : ustensiles de ménage et de cuisine, tables, chaises, tout ce qui put enfin passer à travers la fenêtre, était jeté par le bonhomme avec une fureur presque comique ; car, à bout de projectiles, il finit par jeter, de désespoir, son bonnet de coton sur les troupes ; puis, regardant autour de lui, désolé de n’avoir plus de munitions, il poussa un cri de triomphe, et commença d’arracher toutes les ardoises de la toiture qui se trouvaient à sa portée, et de les lancer à tour de bras sur les soldats.

L’attaque était chaudement engagée : les municipaux, après avoir