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qu’à cette heure, maître de toi-même, tu ne jouisses entièrement de ta fortune et de ta liberté.

Madame de Hansfeld, en prononçant ces derniers mots, qui contenaient un vœu parricide habilement déguisé, madame de Hansfeld observait attentivement son amant.

Maurice ne frémit pas d’horreur ; il baissa les yeux, rougit et soupira.

Ce regard baissé, cette rougeur candide, ce soupir discret signifiaient à peu près ceci : « Que je sois maudit de Dieu et des hommes, s’il me vient à la pensée l’abominable et sacrilége désir de voir trépasser mes parents ! Qu’ils vivent longuement, malgré l’égoïsme, la dureté, la tyrannie, l’avarice dont ils font preuve à mon égard, et surtout malgré le jaloux acharnement dont ils poursuivent ma maîtresse et les calomnies infâmes dont ils tentent de la noircir, par cela seulement qu’elle m’aime, cette immaculée ! non, mille fois non ! En désirant la mort de mes parents, je serais un fils dénaturé, un monstre ! ce que je ne suis et ne serai jamais, grâce à Dieu ! Mais, enfin, il est évident, il est palpable que si la destinée, si un hasard complétement indépendant de mes désirs ou de mes espérances avait voulu que j’eusse le malheur de perdre mes parents dans ma première jeunesse, il m’est impossible de ne pas reconnaître que je serais à cette heure maître de mes actions et de ma fortune, et qu’alors je filerais en toute liberté, en toute sécurité, aux pieds d’Antoinette, des jours tissus d’or et de soie. »

En d’autres termes, Maurice en était déjà venu non pas encore à désirer nettement la mort de son père et de sa mère, mais à s’avouer, sans croire manquer à la tendresse et à la vénération filiales, qu’il s’estimerait plus heureux d’avoir eu le malheur de perdre ses parents en son bas âge !… Tout ceci est horrible, et malheureusement tout ceci est d’une logique inexorable et ressort fatalement de la nature des choses. L’une des conséquences presque inévitables de la soif immodérée des plaisirs et des goûts luxueux, désordonnés, dont sont possédés tant de fils de famille, est d’engendrer en eux forcément, tôt ou tard (sauf de rares exceptions confirmant la règle), est d’engendrer, disons-nous, le parricide véniel. Or, si l’on réfléchit aux résultats obligés de ce premier crime moral, on frémit, mais on ne s’étonne plus de la rapide dégradation qui précipite dans un abîme de maux et de vices presque tous les fils prodigues.

Maurice venait de faire un pas de plus, et très-décisif, dans la voie où le voulait engager madame de Hansfeld. Il l’avait, pour